Les vérités de la succession du Prophète
TOME I
Première partie
PAR CHERIF MOHAMMED ALI AIDARA
Edité revu et corrigé par :
La Cité du Savoir
Abbas Ahmad al-Bostani
Publication de la Cité du
Savoir
Table
des Matières
Biographie de l’auteur 5
Introduction 7
Chapitre I :L’environnement
14
A -
L’ISLAM : 14
B – LE
CORAN : 16
C – LA SUNNA DU
PROPHÈTE (P) : 20
D – LES
FONDEMENTS DE L’ISLAM : 21
E – LES LIMITES
GEOGRAPHIQUES ET LE PEUPLE DE L’ARABIE : 22
Limites
géographiques : 22
Le
Peuple et sa religion : 22
Origines
et antécédents des ancêtres du Prophète (P) : 23
Le
pèlerinage : 26
Chapitre II : L’Imamat 28
I - LES
FONDEMENTS DU POUVOIR ET DE SA PASSATION DANS L’ISLAM: 28
I – 1 KHILAFAT DE L’HOMME SUR TERRE ET
TEMOIGNAGE DIVIN: 28
I-1-1 KHILAFAT: 28
I-1-2 TEMOIGNAGE: 31
I-1-2-1
GENERALITES 31
I-1-2-2
LES PROPHETES 32
I-1-2-4
LES MARJA (sources de référence) 37
I-1-2-5
LES DIFFERENCES ENTRE LES TEMOINS 37
I-2 LES DETENTEURS DU POUVOIR EN ISLAM : 39
I-2-1
ULIL-AMR (DETENTEURS DU POUVOIR) 39
«Quiconque s’approprie une bonne
tradition
en détient du même coup tous les bienfaits au même titre que l’initiateur de
cette tradition; inversement les méfaits seront proportionnels dans le cas
d’une mauvaise tradition. » 41
II - LA
DESCENDANCE PURIFIEE DU PROPHETE DE L’ISLAM (P) : 43
II-1
PRINCIPES GENERAUX 43
II-2 LES PREUVES
(AL’ADILLA) 45
II-2-1 Concernant Ahlul Bayt 45
II-2-2 Concernant l’Imam Ali 56
II-3 FATIMA ET
LES DOUZE IMAMS AHLUL BAYT (P): 63
II-3-1
QUI ETAIT FATIMA (P) ? 64
II-3-2
QUI ETAIT L’IMAM ‘ALI (P) 65
II-3-3
QUI ETAIT AL HASSAN (P) ? 72
II-3-4
QUI ETAIT AL HUSSEIN (P) ? 76
II-3-5
QUI ÉTAIT ZEIN EL ABEDINE (P) : 82
II-3-6
QUI ETAIT MUHAMMAD AL BÂQIR (P) : 83
II-3-7
QUI ETAIT JA’FAR ÇADIQ (P) : 86
II-3-8
QUI ETAIT MOUSSA AL-KÂZIM (P) : 90
II-3-9
QUI ETAIT ALI RIDHA (P) : 91
II-3-10 QUI ETAIT MUHAMMAD TAQI JAWAD
(P) : 93
II-3-11
QUI ETAIT ALI NAQI AL-HÂDI (P) : 95
II-3-12
QUI ETAIT AL-HASSAN AL-‘ASKARI (P) : 96
II-3-13
QUI EST AL MAHDI (P) : 98
Biographie de l’auteur
Chérif Mohammed Aly Aidara, né au Sud du Sénégal est comme son nom
l’indique est un descendant du Prophète de l’islam (P). Il a été élevé dans la
pure tradition soufie par son père, Cherif Al Hassan Aidara, un grand cheikh de
l’ordre soufi de la
Tijaniyya. C’est à l’âge de dix sept ans qu’il quitte son
village natal à la quête de la connaissance de soi et du monde, dans de
multiples voyages de plusieurs années qui le mèneront dans les cinq continents.
Grand spécialiste de l’Islam et de la spiritualité il nous apporte ici dans un
style limpide et objectif un aperçu global de ce qu’il appelle « l’islam originel ».
Introduction
Au nom de Dieu le Clément, le
Miséricordieux
L’Islam est l’unique religion que Dieu a bien voulu agréer pour nous.
Nous glorifions le Tout-Puissant pour une telle largesse à l’endroit de ses
humbles créatures que nous sommes :
« Aujourd'hui, J'ai
parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. Et
J'agrée l'Islam comme religion pour vous. » (Al-Mâida,
5 : 3)
« Et quiconque désire une religion autre que l'Islam, ne sera
point agréé, et il sera, dans l'au-delà parmi les perdants. »--(âle 'Imrân, 3 : 85)
Cela n’exclut pas cependant la tolérance vis à vis des adeptes d’autres
religions, notamment nos frères des religions révélées, les gens du Livre, dont
les textes ont été abrogés par le Coran. Cette tolérance et le devoir de
protection qui en résulte sur les plans physique, social et cultuel, reviennent
comme un leitmotiv plusieurs fois dans le Livre de Dieu :
« Et ne discutez que de la
meilleure façon avec les gens du Livre, sauf ceux d'entre eux qui sont
injustes. Et dites : "Nous croyons en ce qu'on a fait descendre vers
nous et descendre vers vous, tandis que notre Dieu et votre Dieu est le même,
et c'est à Lui que nous nous soumettons". » (Al-Ankabout,
29 : 46)
Cette religion est une, indivisible et immuable. Elle a l’avantage sur
bien d’autres religions d’avoir une référence à la fois matérielle, donc
relative, et absolue. Nous voulons parler du Saint Coran.
Son aspect matériel réside évidemment dans sa présentation sous forme
de livre, d’écritures. Ces écrits sont restés inchangés depuis qu’ils ont été
révélés par Dieu au Sceau des Prophètes (P)[1].
Le caractère absolu du Saint Coran réside quant à lui dans ce qu’Il est
la Parole de
Dieu, un miracle des plus extraordinaires. Ceci n’est plus à démontrer car
ceux-là mêmes qui sont les plus friands de preuves, les scientifiques, ne
cessent de découvrir par des moyens de plus en plus récents et sophistiqués des
vérités déjà affirmées dans le Livre de Dieu il y a de cela plusieurs siècles à
une époque où on revenait tout juste des ténèbres de la Jahilia[2].
Aucune erreur scientifique n’a été décelée dans le Saint Coran, encore
moins une contradiction quelconque. L’illettré[3]
qu’était le Prophète Muhammad (P) ne pouvait en être l’auteur. D’ailleurs, la
splendeur littéraire et la perfection numérique de ses vers et de sa structure
enlevaient aux tenants de cette thèse tout mérite d’être ne serait-ce
qu’écoutés. Il en est de même de ceux qui ont voulu attribuer la paternité du
Livre à quelques prêtre, pasteur, rabbin ou autre savant chez qui le Prophète
(P) aurait séjourné.
Jusqu’au jour d’aujourd’hui pas un seul homme n’a su être en mesure de
produire une œuvre à la hauteur du Saint Coran ne serait-ce que sur le plan
littéraire. Ce ne sont donc pas des inspirateurs qui auraient pu influencer ou
dicter un illettré (!) afin qu’il arrive à produire une telle œuvre.
L’Auteur authentique du Livre leur a même lancé un défi qui ne sera à jamais
relevé :
« Dis: "Même si les
hommes et les djinns s'unissaient pour produire quelque chose de semblable à ce
Coran, ils ne sauraient produire rien de semblable, même s' ils se soutenaient
les uns les autres" ».(Al-Isrâ ou Le voyage
nocturne ; 17 : 88)
D’ailleurs Dieu a voulu donner suffisamment de preuves pour que Sa
Parole ne soit pas mise en doute. On a parlé des découvertes scientifiques qu’on
y trouvait, de la splendeur littéraire (et linguistique) et de la perfection
numérique. Mais également le Coran fait allusion à d’innombrables prophéties
dont quelques unes sont déjà réalisées conformément à ce qui avait été prédit.
Il est aussi important de noter que le Tout-Puissant n’a tenu à ce que
Son Livre ne soit pas altéré ou changé. Il l’a codé et l’a protégé de toutes
modifications jusqu’à la fin des temps. Une protection matérielle (les codages
numérique et littéraire) et immatérielle (l’Histoire le montre à travers
l’immuabilité du Coran malgré la perversion des hommes). Il l’affirme en ces
termes :
« En vérité c'est Nous qui
t’avons révélé le Rappel édifiant et Nous veillons à son intégrité. » (Al-Hijr,
15 : 9)
Le Coran, Œuvre de Dieu et livre, est donc absolu et relatif. Cette
dualité de la nature de notre référence ultime devait, doit et devra constituer
pour la Umma
islamique un facteur d’union et d’unité.
L’hypothèse fondamentale sur laquelle nous fondons notre appel pressant
à travers ce livre à l’unité et à l’union de la Umma, est que tous les musulmans du monde,
par delà leurs sensibles divergences et autres querelles d’écoles, possèdent
tous le même Coran avec les mêmes sourates et les mêmes versets. L’Œuvre de
Dieu est la même, unique, inimitable et immuable pour tous.
Dès lors, qu’est-ce qui peut
expliquer, (mais non justifier), la mésentente, les différences dans les
pratiques et même dans les concepts constatées chez les musulmans depuis la
disparition de l’Envoyé de Dieu Muhammad (P) jusqu’à nos jours ?
A notre humble avis, rien d’autre que la faiblesse de l’homme. Cette
faiblesse dont Dieu parle dans Son Livre :
« Dieu veut [ainsi] vous faciliter [les choses], car Il sait que
l’homme est faible par nature. » (Les
femmes, 4 : 28)
Le Livre étant unique et identique chez tous, les divergences ne
peuvent provenir que de son interprétation. Les motivations de cette
interprétation sont de divers ordres.
L’attrait irrésistible du pouvoir et de ses avantages, la tentation des
biens et des plaisirs terrestres et/ou l’erreur sincère mais coupable,
constituent les tares de tous ceux qui ont mené – et de ceux qui continuent de
mener – la Umma
à la division et à l’écartement du chemin tracé par Dieu puis indiqué par Son
illustre Envoyé, Al Mustapha (P) l’Elu et le Bien-Aimé.
Il faut dire, à la décharge des exégèses qui ont commis des erreurs
d’interprétation sincères mais coupables, que les versets du Coran comportent
souvent un sens direct et un sens indirect,
similaire en cela à la différence entre la lettre et l’esprit.
Par ailleurs, Dieu nous dit qu’il en est même des versets dont Lui seul
connaît le sens :
« C’est Lui qui a fait descendre sur toi le Livre : il s'y
trouve des versets sans équivoque, qui sont la base du Livre, et d'autres versets
qui peuvent prêter à d'interprétations diverses. Les gens, donc, qui ont au
cœur une inclination vers l'égarement, mettent l'accent sur les versets à
équivoque cherchant la dissension en essayant de leur trouver une
interprétation, alors que nul n'en connaît l'interprétation, à part Allah et
ceux qui sont bien enracinés dans la science qui disent : "Nous y
croyons : tout est de la part de notre Seigneur !" Mais, seuls
les doués d'intelligence s'en rappellent. » (Ale
'Imrân, 3 : 7)
Toutefois, comme dans le droit positif où l’on admet que « nul
n’est censé ignorer la loi », il est du devoir absolu du musulman de
connaître le Coran. Le père doit l’apprendre à son enfant et l’adulte doit,
s’il ne le connaît pas, s’évertuer à s’en imprégner. A chaque niveau de
conscience qu’il atteint dans le cours de son évolution, le musulman doit faire
une relecture du Coran. Une meilleure compréhension de la Parole de Dieu en résultera
nécessairement. Cette relecture est donc indispensable même si le musulman a un
maître qui peut l’aider dans sa quête de perfection.
Aussi, si le musulman n’a pas la claire signification d’un verset ou la
description satisfaisante d’une pratique ou d’un culte, il est de son devoir de
chercher par lui-même la solution à son problème en se référant au Coran, aux
hadiths du Prophète (P), à des maîtres, à des livres, ou au moyen de la
réflexion logique mais surtout sincère et honnête, en un mot l’ijtihâd.
Cette indispensable quête de la
vérité et d’une meilleure compréhension du Coran le mènera assurément un jour à
la source intarissable de l’enseignement originel du Prophète de l’Islam (P),
détenue par la sainte famille du Prophète (P). Cette descendance à propos de
laquelle le Prophète (p) nous avait appelé à nous accrocher en plus du Livre si
nous ne voulons pas nous égarer.
Tout musulman sincère doit poser sa petite pierre à la dimension de ses
moyens physiques, psychiques et intellectuels, dans l’édifice de la
reconstruction de l’unité de la
Umma. C’est l’objectif que nous nous sommes assigné en
prenant l’initiative d’apporter cette modeste contribution à nos frères
intellectuels qui ont la chance de savoir lire et comprendre et qui pourront
ensuite l’expliquer aux autres. Ce Livre s’adresse également à ceux qui nous
ont manifesté leur inextinguible soif d’approfondir leur connaissance de la
religion et qui nous ont d’ailleurs incité, des fois avec insistance, à
franchir le pas des hésitations devant cette tâche ardue et ingrate de
l’écriture. Nous profitons de l’occasion pour demander au lecteur toute son
indulgence.
En réalité, nous ne dirons ici rien qui n’ait été déjà dit ou pensé.
Seulement certains de ces faits ou pensées sont restés longtemps méconnus par
une bonne frange de la Umma
pour des raisons partisanes. Nous sollicitons d’ailleurs une circonstance
atténuante auprès de ceux qui se seraient fait des préjugés basés sur
l’environnement ou les origines de l’auteur sans avoir entièrement lu cet
ouvrage. Ce sera la circonstance atténuante de la tolérance et de l’acceptation
de la différence des modes de pensée. Mais aussi celle du test de
raffermissement de sa foi par la confrontation des idées et des discours pour
autant qu’ils restent dans les limites de la décence. En somme, celle de notre
innocence jusqu’à la preuve de notre culpabilité. Toutes choses recommandées
par Dieu et Son Prophète (P).
Le choix des textes et faits rapportés dans ce livre a été guidé par un
triple souci :
Ø
Donner au lecteur une vue d’ensemble de l’Islam et de ses différents
développements
Ø
Ouvrir au lecteur la voie vers la recherche personnelle et approfondie
sur le sujet général ou les différents thèmes qui y sont traités.
Ø
Mettre en exergue les principaux points que les livres d’histoire
traditionnels ont négligés volontairement ou involontairement.
Ces vérités sur la succession du Prophète (P) sont nécessaires pour la
compréhension et le dépassement des divergences insensées qui divisent
aujourd’hui les musulmans et qui n’ont plus aucune raison d’être dè s lors qu’on
peut retourner à l’essentiel c’est-à-dire Dieu en se basant sur Son Saint Coran
et les enseignements du Prophète (P) conservés intacts par sa sainte
descendance.
C’est là tout le sens de ce verset que nous vous invitons à
méditer :
« Les gens formaient (à
l'origine) une seule communauté (avant la descente de la législation divine).
Puis, (après leurs divergences,) Allah envoya des prophètes comme annonciateurs
et avertisseurs; et Il fit descendre avec eux le Livre contenant la vérité,
pour régler parmi les gens leurs divergences. Mais, ce sont ceux-là mêmes à qui
il avait été apporté, qui se mirent à en disputer, après que les preuves leur
furent venues, par esprit de rivalité ! Puis Allah, de par Sa Grâce, guida
ceux qui crurent vers cette Vérité sur laquelle les autres disputaient. Et Allah
guide qui Il veut vers le chemin droit. » (Al
Baqara, 2 : 213)
Il importe de fixer le cadre global dans lequel se déroulent les
événements dont il est question dans ce livre. C’est là le but de ce premier
chapitre où il sera essentiellement question de décrire brièvement l’Islam, le
Coran et la Sunna,
puis l’espace géographique et les données culturelles et ethniques de l’Empire
musulman à l’aube de l’Islam.
A -
L’ISLAM :
Plusieurs ouvrages auraient été certainement nécessaires pour parler en
profondeur de l’Islam. Mais nous aimerions simplement rappeler à travers deux
versets du Coran, un hadith du Prophète (p) et une citation de l’Imam Ali (P),
quelques éléments clés qui permettent de cerner globalement ce qu’est l’Islam.
Un grand nombre de versets du Livre nous entretiennent sur qu’est
l’Islam. Ces versets sont souvent liés au comportement que doit avoir le
musulman. Nous vous en citons deux :
« Et luttez pour Allah avec
tout l'effort qu'Il mérite. C'est Lui qui vous a élus; et Il ne vous a imposé
aucune gêne dans la religion celle de votre père Abraham, lequel vous a déjà
nommés "Musulmans" avant (ce Livre) et dans ce (Livre), afin que le
Messager soit témoin contre vous, et que vous soyez vous-mêmes témoins contre
les gens. Accomplissez donc la
Salât, acquittez la Zakât et attachez- vous fortement à Allah. C'est
Lui votre Maître. Quel Excellent Maître ! Et quel Excellent
Soutien ! » (Al-Hajj, 22 : 78)
« Les croyants et les croyantes sont alliés les uns des autres.
Ils commandent le convenable, interdisent le blâmable accomplissent la Salât, acquittent la Zakât et obéissent à
Allah et à Son messager. Voilà ceux auxquels Allah fera miséricorde, car Allah
est Puissant et Sage. » (At-Tawba, 9 : 71)
Le hadith le plus célèbre se rapportant à l’apparition des anges lors
de la bataille de Badr mais également à la définition globale de l’Islam, est
celui qu’a cité ‘Umar, d’après Bukharî :
Nous étions, dit-il, assis à côté du
Prophète lorsqu’un homme habillé de blanc, aux cheveux tout noirs, arriva. Rien
n’indiquait qu’il venait d’un voyage et personne ne le connaissait. Il se fraya
un chemin parmi les assistants et vint s’agenouiller devant l’Envoyé de Dieu
comme l’un de nous fait dans sa prière. Les Compagnons se regardèrent et dirent :
« Nous ne reconnaissons pas l’homme ! »
S’adressant au Prophète l’inconnu lui
dit :
-Envoyé de Dieu, qu’est-ce que la foi ?
-C’est, dit le Prophète, croire en Dieu, en
Ses anges, en la comparution devant Lui, en Ses prophètes et en la
résurrection.
-Qu’est-ce que l’Islam, dit l’homme ?
-C’est, répondit le Prophète, adorer Dieu
sans rien Lui associer, faire ses prières, donner la Zakât (aumône légale)
et jeûner le mois de Ramadhân.
-Parle-moi de la perfection, dit l’homme.
-C’est, dit le Prophète, adorer Dieu comme si
tu l’as en face de toi, car si tu ne Le vois pas, Lui, Il te voit.
-Quant sonnera l’Heure Ultime, finit par dire
l’homme ?
-Celui que tu interroges, n’est pas mieux
renseigné, dit le Prophète, mais je peux t’indiquer les signes
précurseurs : lorsque la femme esclave engendre son maître, quand les
bergers frustrés, gardiens de chameaux rivalisent de constructions. Il y a cinq
secrets que Dieu seul détient, à savoir : (le Prophète récita ensuite ce
verset)
« La connaissance de
l’Heure du Jugement relève de Dieu, c’est Lui qui fait descendre la pluie et
sait ce que portent les flancs de toutes femelles. Nul être ne sait ce que sera
demain son acquis en bien ou en mal. Nulle âme ne connaît le lieu de son
trépas. Dieu seul est Omniscient et bien informé. » (Loqman,
31 : 34)
Sur ce, l’homme sortit.
-Faites-le revenir, dit le Prophète.
-Ils sortirent à sa suite, mais l’homme
s’était volatilisé.
-C’est Jibrîl, dit le Prophète. Il est venu
vous enseigner votre religion.
Nous finirons ces citations par celles que nous avons tirées de Nahjoul
Balâgha, « la voie de l’éloquence », le merveilleux recueil de
discours de l’Imam ‘Alî (P) :
« L’Islam est une lampe à partir de laquelle de nombreuses
lampes
sont allumées. C’est un phare illuminant le chemin d’Allah. C’est un ensemble
de principes et de croyances qui satisfont tout chercheur de la Vérité et de
la réalité. »
« Croyez-moi ! je ne
connais pas de bénédiction aussi grande que le Paradis, cependant ceux qui la
recherchent sont si paresseux et si insouciants à son égard ; ni de
punition aussi terrible que l’enfer éternel, cependant ceux qui désirent y
échapper ne semblent pas tellement le craindre. »
B – LE
CORAN :
Le Coran est la Parole
de Dieu, révélée au Prophète (P) à partir de l’âge de 40 ans.
La date de la première révélation fut, selon plusieurs historiens[4],
le lundi 27 du mois lunaire Rajab de l’an 610 A.J.C. Elle lui parvint dans les conditions
suivantes[5] :
Il avait l’habitude de passer le mois de Rajab dans la solitude de la
grotte de la montagne de Hirâ, priant, jeûnant et méditant quand soudain une
voix l’appela par son nom. Sans que personne n’apparût, la voix retentit à
nouveau suivie d’une lumière éblouissante. Ensuite il vit une forme humaine
portant un rouleau de soie, s’avancer tranquillement vers lui. L’ange Jibrîl
(P), comme il le confirmera avant de partir, lui demanda de lire ce qui était
écrit sur le rouleau qu’il venait de tendre devant lui.
« Que devrais-je lire ? », demanda le Prophète (P).
L’ange Jibrîl (P), se rapprocha et lui transmit la lumière céleste qui
illumina l’esprit et les yeux du Prophète (p). Puis il lui répondit :
« Lis au Nom de ton
Seigneur Qui a créé. Il a créé l’homme d’un caillot de sang. Lis ! Car ton
Seigneur est le Très-Généreux, Qui a instruit au moyen du calame. Il a appris à
l’homme ce qu’il ne savait pas. » (Al-‘Alaq,
96 :1 à 6)
L’ange Jibrîl (P) termina sa récitation, puis avant de partir il
annonça à Muhammad (P) :
« Ô Muhammad ! En vérité tu es le Prophète de Dieu et je suis
Son ange Jibrîl ! »
Muhammad (P) venait de recevoir de manière solennelle l’ordre de
promulguer l’Unicité de Dieu.
De retour à la maison, le Prophète (p) demanda à sa femme Khadija (RA)
de
le couvrir. Après s’être exécutée, la sage épouse s’enquit tendrement de ce qui
motivait cette demande inhabituelle de son mari.
Quand Muhammad (P) finit de lui raconter tout ce qui lui était arrivé,
Khadija (RA) salua avec une grande joie l’heureuse nouvelle qui la confortait
dans sa croyance en un Dieu unique.
Elle alla porter la nouvelle à son vieux cousin Waraqah Ibn Nawfal qui
croyait déjà que Muhammad (P) était un prophète. Il connaissait l’hébreu et
était versé dans la connaissance des Ecritures tant juives que chrétiennes. Les
prophéties qui y étaient faites sur le futur prophète lui étaient parfaitement
connues. Aussi vit-il en Muhammad (P) l’heureux Elu. Waraqah confirma ce qu’on
lui dit en affirmant que, de même qu’aux époques antérieures Dieu avait envoyé
Jîbril(P) pour faire des révélations aux grands prophètes, de même Jibrîl (P)
était envoyé à présent par Allah à Muhammad(P)[6].
La première année de la Révélation fut appelée l’année de la Mission
(Bi’thah).
Quelques temps après la première, d’autres révélations vont se succéder tout au
long de la vie du Prophète (P). Le Coran a été donc révélé graduellement au
Prophète (P). Dieu le confirme dans Son Livre :
« En vérité c’est Nous qui avons fait descendre sur toi le Coran
graduellement. » (Al Insân, 76 : 23)
Certains versets abrogent et complètent ou remplacent d’autres versets.
C’est le cas en matière de testament, du nombre de femmes du Prophète (P), de
l’alcool[7],
etc.
Les révélations parvinrent au Prophète (P) dans diverses
conditions : pendant le sommeil, à cheval ou sur le dos de sa mule ou de
son chameau, parmi les gens. Souvent dans un état second où il transpirait
beaucoup, même par temps de froid, et semblait très éprouvé. Il ressortait
épuisé de cet état. L’ange Jibrîl (P) quant à lui apparaissait au Prophète (P)
soit sous une forme humaine, soit sous sa forme angélique. Dans ce dernier cas
il restait invisible pour les autres.
Toutes ces révélations furent mémorisées de façon automatique[8]
puis récitées par le Prophète (P) à ses Compagnons dans l’ordre que Dieu lui
disait de les donner, et qui n’était pas forcément leur ordre chronologique
d’arrivée.
La plupart des Compagnons les récitaient par cœur. De sorte que tous
les versets ainsi que l’ordre de leur agencement étaient très bien connus et
récités dans toute leur originalité et leur pureté. De plus, le Prophète (P),
de son vivant, ordonna aux scribes de mettre par écrit le Coran sur des
lambeaux de parchemin, des peaux d’animaux, des os et des pierres. C’est ainsi
que Dieu protégeait Son Livre, entre autres façons, contre les changements dont
Il parle dans le Coran.
C’est l’ensemble de ces révélations qui fut rassemblé du vivant
même du prophète (P). Certains Compagnons possédaient leur propre recueil et on
peut penser qu’il n’existait pas de différence entre ces multiples manuscrits
car les gens les récitaient de la même façon avec les mêmes particularités
linguistiques et phonétiques.
Le Coran est donc un ensemble de 114 chapitres ou sourates dont le
premier est la sourate Al-Fâtiha, la deuxième Al-Baqara et la
dernière An-Nâs. Chacune de ces sourates est constituée par un certain
nombre variable de versets allant de 3 (Sourate 103 : Al ‘Asr et
Sourate 110 : An-Nasr) à 286 (Sourate Al Baqara). Ces sourates,
toutes descendues à la Mecque
ou à Médine, sont généralement réparties dans 30 hizbs, 60 çumuns
et 120 quarts
ou rubhu.
Cette dernière répartition en hizb, çoumun et rubhu
trouve sa justification dans des raisons exclusivement pédagogiques. En effet
chaque hizb regroupe un certain nombre de thèmes, et est subdivisé en
deux çumuns et chaque çoumoun en deux quarts ou rubhu.
Les hizb se suivent dans l’ordre croissant des sourates sans
pour autant que leur début ou leur fin ne coïncident forcément avec ceux des
sourates.
Il est évident qu’une telle répartition facilite beaucoup la
mémorisation mais aussi la compréhension et l’exégèse du Coran.
C – LA SUNNA
DU PROPHÈTE
(P) :
La sunna est l’ensemble des traditions du Prophète de l’Islam (P). Ces
traditions nous sont parvenues de diverses sources, allant des contemporains du
Prophète (P) aux historiens musulmans. Certains de ces historiens ont vécu
plusieurs siècles après le Prophète (P). Cela est à la base de bien des
réserves que l’on est en droit d’avoir sur les témoignages qu’ils portent sur
le Prophète (P). Ce, d’autant plus qu’il y eut bien des motivations qui les
portaient à raconter les faits de façon partisane, au point de déformer
complètement l’histoire aux fins de justifier et d’embellir les actions de ceux
de leur bord et même à la solde de qui ils écrivaient.
Il est vrai qu’il est resté un noyau dur de hadiths considérés comme
véridiques parce que présents dans tous les recueils importants de hadiths
malgré la différence des interprétations qui en sont données. Mais pour trouver
une réponse juste et non partisane à propos de certaines questions, il est
souvent nécessaire de faire une étude comparée et raisonnée des différents
hadiths. C’est ce que nous nous évertuerons à faire tout au long de ce livre.
Parmi les auteurs de hadiths les plus côtés on peut citer :
Al Bukharî, Al-Tabâri, Muslim, Al Suyûti, Tabrâni, Hakim, Ibn Khaldun,
Abul Fidâh, Imam Ahmad Ibn Hanbal, Imam Châfi’i, Abu Hanifa, etc.
Mais surtout les héritiers du livre et de la sunna du prophète (P) chez
qui on ne trouve aucun écart d’interprétation :
L’Imam Ali (P), les onze Imams (P), et leurs compagnons, etc
D – LES FONDEMENTS DE L’ISLAM :
Les cinq piliers de l’Islam sont :
1.
L’attestation de foi (Chahada) : il n’y a de Dieu
méritant l’adoration qu’Allah et Muhammad est Son Envoyé (P).
2.
La prière (Salât).
3.
L’aumône légale (Zakât).
4.
Le jeûne du mois de Ramadhân.
5.
Le pèlerinage à la Mecque pour tout musulman
qui en a la possibilité[9].
Dans l’enseignement des Ahlul Bayt du Prophète de l’Islam (P), les bases
de l’Islam sont ses (cinq) principes fondamentaux (uçul al-Din) auxquels il est essentiel de croire. Ce
sont :
1-
L’Unicité d’Allah (Tawhîd)
2-La justice[10]
d’Allah (Al-‘adl
al-Ilâhi)
3-La Mission prophètique (Nubûwah)
4-
La succession du Prophète (Imâmah)
5-
Le Jour du Jugement (Qiyâmah)
Ils distinguent ces Fondements de la Religion des Branches de la
Religion qui sont au
nombre de dix :
1-La prière (Salât)
2- Le
jeûne (Sawm)
3- L’
aumône légale (Zakat)
4- Le
Pèlerinage (Hajj)
5- L’
aumône du cinquième (Khoms)
6- La
lutte missionnaire (Djihâd)
7- L’
injonction de faire
le bien (Amr bil ma’aruf)
8- L’
interdiction du mal (nahyi ‘anil mounkar)
9- L’
attachement au noble
Prophète et aux membres de sa Famille (tawwala)
10- La séparation d’avec les
ennemis du noble Prophète et des membres de sa Famille (tabarra).
Les dispositions relatives aux transactions commerciales, au mariage,
le code pénal et judiciaire constituent d’autres branches de l’Islam.[11]
E – LES LIMITES
GEOGRAPHIQUES ET LE PEUPLE DE L’ARABIE[12] :
Limites géographiques :
L’Arabie est une péninsule située à l’ouest
de l’Asie. Elle est limitée au nord par l’Asie Mineure et la Syrie, à l’est par
l’Euphrate et le Golfe Persique, au sud par la Mer Arabique et à
l’ouest par la Mer Rouge.
Elle comprenait donc à l’époque de la Révélation
trois grandes parties : l’Arabie Felix (zone fertile s’étendant le long du
littoral et sur les côtes ouest et sud-ouest), l’Arabie Petraea (la partie
rocheuse du nord-ouest) et l’Arabie désertique (tout l’intérieur).
C’est dans cette dernière partie que se
trouvent notamment aujourd’hui le Hidjâz, le Yémen, le Hadramaout, Oman,
l’Arabie Centrale, l’Irak et le Bahreïn.
Le Peuple et sa religion :
Les arabes modernes descendent de deux
souches : celle de Qahtân ou Jactân, qui remonte à Nuh (P) et dont les
descendants sont appelés le ‘Arab-al-‘Arîb, et celle de ‘Adnân, qui
remonte à Ismâ’îl (P), le fils d’Ibrahîm (P), et dont les descendants sont
appelés les ‘Arab Moustariba. Ces derniers s’établirent autour de
la Ka’bah.
Muhammad (P), le Prophète de l’Islam est issu de cette souche.
Les arabes croyaient originellement en un
Dieu mais l’avaient par la suite échangé contre de nombreuses divinités. De
sorte qu’à l’époque de la naissance du Prophète (P), chaque tribu avait son
propre dieu. Les idoles tantôt domestiques tantôt publiques étaient adorées,
craintes et des hommages déférents leur étaient rendus. Image de granit gris
(Al-Lat, idole de la tribu de Thaqif à Tâ’if) et de formes humaines (celles
d’Ibrahîm (P) et d’Ismâ’îl (P) à la
Ka’bah), bloc de granit (Al-‘uzza), formes humaines (Hobal),
étaient autant d’idoles vénérées. Mais au-dessus de celles-ci se trouvait de
façon assez vague l’idée d’un être suprême appelé Allah au nom de qui les
arabes juraient et scellaient leurs accords étant donné que les dieux préférés
des uns n’étaient pas forcément ceux des autres et que nul n’acceptait de
négliger son dieu devant celui de l’autre.
Cette époque antérieure à l’avènement du
Prophète Muhammad (P) où le polythéisme, les guerres tribales, l’infanticide,
et toutes les perversions prédominaient dans toute l’Arabie, fut désignée par
ce dernier, l’Epoque de l’ignorance ou Asrul Jahilia.
Origines et antécédents des ancêtres du Prophète (P) :
Muhammad (P), le Prophète de l’Islam, est un descendant de Ismâ’îl
(P), le fils du grand Prophète Ibrahîm (P). La ligne suivante le relie
directement à Adnân qui est lui-même un descendant d’ Ismâ’îl (P) :
Muhammad (P) Ibn (fils de) ‘Abdullâh, Ibn
‘Abdul-Muttalib, Ibn Hâchim, Ibn ‘Abd-Manâf,
Ibn Quçay, Ibn Kelab, Ibn Morrah, Ibn Ka’b, Ibn Lu’ay, Ibn Ghâlib, Ibn Fihr (Quraych), Ibn Mâlik, Ibn Nazâr, Ibn Kinânah, Ibn Khazima, Ibn Modrika, Ibn Ilyâs, Ibn Modhar,
Ibn Nazâr, Ibn Ma’d, Ibn Adnân (P).
Les descendants de Fihr ou encore Quraych, le
petit-fils de Kinânah, formèrent une vingtaine de familles ou clans et se
faisaient appeler Quraychites ou plus simplement Quraych. Chaque famille ou
clan de la tribu des Quraych se distinguait des autres par le nom de son chef.
Ainsi les descendants de Hâchim (8ième descendant de Quraych) sont
les Banî Hâchim et ceux de Umâyyah (fils du frère jumeau de Hâchim donc 9ième
descendant de Quraych) les Bâni Umâyyah.
Nous citons particulièrement ces deux clans
parce qu’il y eut entre eux des antécédents qui vont constamment laisser leur
empreinte sur l’histoire des premiers temps de l’Islam. Le Prophète (P) puis sa
descendance feront face et souvent subiront la rivalité et la jalousie des
Umayyades sur les Hâchimites pendant des siècles.
Quelle est l’origine de cette jalousie ?
Quçay, grand-père de Hâchim et 6ième
descendant de Fihr (Quraych) fut Cheikh de la Mecque et donc investi des privilèges du gardien
de la Ka’bah parmi
lesquels[13] le droit
de fournir boisson et nourriture aux pèlerins, le commandement des troupes en
temps de guerre et la présidence du Conseil.
Plus tard, ses petits-fils qui étaient
Hâchim, Al-Muttalib, Nawfal et Abd Chams, tous fils de Abd Manâf, héritèrent de
ces fonctions. C’est ainsi que Hâchim hérita du droit de fournir la boisson et
la nourriture aux pèlerins.
Hâchim s’acquittait de cette tâche avec une
réussite qui forçait le respect et l’admiration. Très vite sa charité
légendaire et son hospitalité princière firent sa renommée à travers toute
l’Arabie. Ses succès commerciaux ajoutés à sa renommée suscitèrent la jalousie
de son frère jumeau, Abd Chams et du fils de ce dernier, Umâyyah. Les quatre
frères étaient divisés en deux groupes opposés voire rivaux : Hâchim et
Al-Muttalib d’un côté, Nawfal et Abd Chams de l’autre.
Malgré tous leurs efforts souvent
ostentatoires de ravir la vedette à Hâchim, Abd Chams et Umâyyah, qui étaient
certes riches, finirent par paraître ridicules aux yeux des Quraych. Umâyyah
devint à la longue si enragé qu’il défia en duel Hâchim. Ce dernier accepta de
le relever suite à la pression de la population et malgré sa position d’oncle
de Umâyyah et son rang social supérieur. Ce duel consistait à se soumettre à
une épreuve de supériorité, une vieille tradition fortement prisée par les
arabes à cette époque. Chacun des deux antagonistes devaient faire étalage de
ses prétentions devant un arbitre. Le perdant non seulement offrait au gagnant
cinquante chameaux mais aussi devait s’exiler pendant dix ans. Hâchim fut
déclaré vainqueur. Umâyyah lui remit son dû avant de s’exiler en Syrie. C’était
là l’origine de la rivalité entre les clans Hâchimite et Umayyade.
Il faut dire qu’un duel semblable opposera
encore plus tard deux membres des deux clans rivaux. Cette fois ce sera entre
Abdul-Muttalib[14],
l’héritier de Hâchim, et Harb, l’héritier de Umâyyah. Le clan Umayyade, à
travers Harb, perdit encore une fois le défi. L’humiliation et l’exil de Harb
qui s’en suivirent scellèrent définitivement la haine et le désir de vengeance
que les Umayyades nourrissaient à l’endroit des Hâchimites.
Hârith, le fils ainé de ‘Abdul-Muttalib est
mort avant son père. De même que ‘Abdullah (P), le père de Muhammad (P).
‘Abdullah (P) mourut à l’âge de vingt cinq ans à Médine au retour d’un voyage
d’affaires pour la Syrie.
Son père ‘Abdul-Muttalib en fut profondément affligé. Encore
davantage le fut l’épouse du défunt, Âminah (P), la mère du Prophète (P). Elle
ne put survivre longtemps à sa disparition malgré la seule consolation qui lui
restait, l’enfant qu’elle avait eu de leur récent mariage et qui était Muhammad
(P).
C’est ainsi qu’à la mort de ‘Abdul-Muttalib,
le privilège exclusif de fournir l’eau et la nourriture aux pèlerins passa
alors entre les mains de Zubair qui était le plus âgé. Il n’y avait plus de
dirigeant Hâchimite suffisamment puissant et riche pour remplacer
Abdul-Muttalib. Le privilège passa alors de leurs mains à celles des Umayyades.
Après Zubair, ce fut brièvement le tour de Abu Talib (P) puis celui de
Al-‘Abbâs. Ce dernier n’en garda que la responsabilité du puits de ZamZam. A
l’arrivée de l’Islam, une cinquantaine d’années plus tard, le Prophète (P) l’y
confirmera en la transmettant à sa famille.
Le pèlerinage :
La ville de la Mecque, capitale du Hidjâz,
a été rendue célèbre par la Ka’bah
mais aussi par le fait qu’elle est le lieu de naissance du Prophète (P). Elle
est une des plus vieilles – sinon la plus vieille – villes au monde.
La deuxième principale ville du Hidjâz était
Médine. Elle tient sa célébrité du fait d’avoir été le lieu de résidence du
Prophète (P) et aussi le lieu de son enterrement.
La Ka’bah a toujours été un lieu de grand
rassemblement depuis l’époque d’Ibrahîm (P) et de son fils Ismâ’îl (P) qui
construisirent ce Sanctuaire. Le premier appel à la visiter fut lancé par
Ibrahîm (P) lui-même. Et depuis lors des gens venaient de toute l’Arabie et des
pays voisins pour accomplir un pèlerinage annuel.
Nombreuses sont les preuves que Dieu nous
donne dans le Coran et que l’on peut observer[15] qui
permettent de classer la Ka’bah
au rang de lieu exceptionnel. Une zone, diront peut-être les scientifiques de
haute énergie cosmique.
Ce devoir sacré du pèlerinage à la Ka’bah incombe encore de nos
jours aux musulmans. La Ka’bah
constitue une direction et un lieu de dévotion exceptionnels pour toute la Umma islamique.
Ceci constitue une des nombreuses preuves de
la continuité de la
Révélation de Dieu à Ses Envoyés. Laquelle Révélation remonte
au premier homme sur terre : Adam (P). Comme quoi la source de la Soumission (Islam) se
confond avec celle de la
Création.
Dieu nous appelle à accomplir ce devoir sacré
à travers les versets suivants, entre autres :
« La première Maison qui ait été édifiée
pour les gens, c'est bien celle de Bakka (la Mecque) bénie et une bonne direction pour
l'univers.
Là sont des signes
évidents, parmi lesquels l'endroit où Abraham s'est tenu debout; et quiconque y
entre est en sécurité. Et c'est un devoir envers Allah pour les gens qui ont
les moyens, d'aller faire le pèlerinage de la Maison. Et quiconque ne
croit pas... Allah Se passe largement des mondes. » (Al
Imrân 3 : 96, 97)
Le pèlerinage dont il s’agit ici, Hajj
al-Akbar (Pèlerinage Majeur), doit être accompli au mois de Thilhaj,
le dernier mois du calendrier lunaire de l’Hégire. Il est obligatoire pour
chaque musulman, sauf en cas d’excuse légale. Il s’accompagne d’un détour sur
le mont Arafât situé à une quinzaine de km environ de la Mecque.
Il existe cependant un autre pèlerinage
appelé Hajj al-Açghar (Pèlerinage Mineur) ou encore ‘Umrah.
Celui-là peut être accompli à tout moment de l’année, mais particulièrement au
7ième mois de l’année hégirienne (Rajab).
I - LES FONDEMENTS DU POUVOIR ET DE SA PASSATION
DANS L’ISLAM:
I – 1 KHILAFAT[16] DE L’HOMME SUR
TERRE ET TEMOIGNAGE DIVIN:
I-1-1
KHILAFAT:
Dieu a dit:
K1. ... « [Rappelle] quand ton
Seigneur dit aux Anges : “Je vais placer sur la terre un
Khalife. ” “ Y placeras-tu quelqu’un qui y sèmera la corruption et y
répandra le sang alors que nous, nous glorifions Ta louange et proclamons Ta
sainteté ? ”.[Le Seigneur] répondit “Je sais très bien ce que vous ne
savez point. ”Et [le Seigneur] apprit à Adam tous les noms, puis Il fit
défiler devant les Anges [les êtres portant ces noms] et Il dit [aux Anges] :
“Avisez-moi des noms de ces êtres-ci, si vous êtes véridiques ! “Gloire
à Toi ! ” Répondirent-ils “Nous n’avons nulle science excepté ce que
Tu nous as appris. Toi Tu es l’Omniscient, le Sage. ”
“ Ô Adam ! ”Dit [le Seigneur], “avise-les des noms [de ces
êtres] ! ”Et quand [Adam] eut avisé [les Anges] des noms [de ces êtres, le
Seigneur] dit : “Ne vous avais-Je point dit que Je connais bien
l’Inconnaissable des cieux et de la terre et que Je connais bien ce que vous
extériorisez et ce que vous tenez secret ?”»(Baqara, 2 : 30)
K2. « C’est Lui qui a fait de vous les
Khalifes sur la terre. » (Fâtir ou Malâïka, 35 : 39)
K3. « Nous avons proposé de
confier le Dépôt aux cieux, à la terre et aux montagnes. Ils ont refusé de s’en
charger et s’en sont effrayés, alors que l’Homme s’en est chargé, il fut
injuste et ignorant. » (Ahzâb, 33 : 72).
Ainsi donc, à travers ces versets et bien d’autres[17]
encore il nous est révélé que Dieu a honoré le groupe humain, représenté par
Adam (P), en le chargeant de veiller sur l’ordre de l’Univers tout entier, de
gérer les affaires de l’Homme et de guider l’Humanité sur la Voie du Khilafat
divin.
Dés lors, le Khilafat en Islam est le pouvoir que Dieu a donné à
la communauté humaine (Umma) de gouverner ou de diriger le monde et de
le promouvoir dans les domaines social, matériel et spirituel
Cette représentation ou Khilafat en tant que principe de
gouvernement de la communauté islamique, est cependant différent de celui des
régimes démocratiques occidentaux qui privilégient le consensus pour justifier
une décision fut-elle préjudiciable à l’intérêt de la Communauté ou
d’une de ses composantes; contrairement au gouvernement de la communauté
islamique qui a son fondement dans la délégation divine donc davantage de sens
des responsabilités et de justice d’où le
refus de la tyrannie, de l’exploitation et de l’oppression.
Une petite parenthèse est d’ailleurs nécessaire à ce niveau car la
plupart des écrivains musulmans pensent que lorsqu’on est « affaiblis sur terre
» c’est-à-dire opprimés par des tyrans il n’y a pas d’autre alternative que
d’user de tous les moyens, sous-entendu même la force physique, pour s’en
sortir ou d’émigrer.
Citons d’abord les versets qu’ils interprètent à ce propos (Nissâ,
4 : 97 et 98):
« Oui, ceux qui sont
injustes envers eux-mêmes, les anges les
achèvent en disant : où en étiez-vous ? - Nous étions affaiblis sur terre,
disent-ils. - Alors les anges: la terre de Dieu n’était-elle pas assez vaste
pour vous permettre d’émigrer ? - Voilà bien ceux dont le refuge est la Géhenne, et quelle
détestable fin ! Sauf pour les impuissants, hommes, femmes, enfants, incapables
d’aucun moyen, et qui ne trouvent aucune voie ».
Selon ces paroles divines, non seulement il existe des exceptions à la
règle mais en plus s’il faut émigrer vers d’autres cieux encore faudrait-il que
"ce que l’on y gagne vaille ce que l’on y perd" car il est difficile
voire impossible de nos jours de trouver un modèle irréprochable de
gouvernement islamique. De plus parmi les moyens dont on dispose figure en
bonne place, plus efficace que la force physique et avec des effets plus
durables et plus profonds, le combat intellectuel par les écrits, les
conférences, les débats d’idées, la formation des jeunes, en un mot l’éducation
des masses en matière islamique.
Ainsi pour fermer la parenthèse, deux vérités simples s’imposent à
notre entendement : on est plus utile à sa cause vivant que martyr et ... la
nature trouve toujours son chemin.
Adam ayant été le premier représentant de ce Khilafat, les Anges
se sont prosternés devant lui et toutes les forces de l’Univers visible et
invisible lui ont été soumises.
Ce “Dépôt ”
(Amàna) si gigantesque et si effrayant même
pour les forces de la nature, fut confié à l’Homme malgré la liberté que lui a
accordé son Créateur de faire le bien ou le mal à travers le libre-arbitre : «Nous
l’avons dirigé sur le chemin droit, qu’il soit reconnaissant, ou qu’il soit
ingrat. » (Dahr ou Insân, 76 : 3) Et c’est certainement
cette inconstance dans le comportement humain qui suscita la réticence des
Anges à l’égard de ce Khilafat. Cependant Dieu, dans son Omniscience,
apprit à Adam (P) tous les noms montrant ainsi aux Anges qu’Il soumettait
l’Homme à une Loi autre que celle du déterminisme mécanique qui gère le
mouvement de l’Univers - des atomes aux astres.
Cette Loi complémentaire à celle du Khilafat, qui se charge
d’éduquer et de guider ce Khalife à la Lumière d’un Texte révélé, est celle du
Témoignage (Chahada). Elle est concrétisée par un témoin divin qui porte
aux hommes la «guidée » de Dieu et les éloigne de l’égarement. Le Saint
Coran en parle à travers les versets qui suivent et bien d’autres[18].
I-1-2 TEMOIGNAGE:
I-1-2-1
GENERALITES
T1. « Nous dîmes : “Descendez
d’ici, vous tous ! Si jamais, ensuite, une guidée de Moi vous vient, alors,
quiconque suivra Ma guidée ... pour eux, nulle crainte, et point ne seront
attristés.” » (Baqara, 2 : 38).
T2. «Ainsi Nous avons fait de vous
[croyants !]Une communauté éloignée des extrêmes (wasatan), pour que vous soyez
témoins à l’encontre des Hommes et que l’Apôtre soit témoin à votre
encontre. » (Baqara, 2 : 2).
T3. « J’ai été témoin à leur
encontre, tant que je suis demeuré parmi eux .Quand Tu m’as eu rappelé
(Tawaffa) à Toi, c’est Toi qui as été le surveillant, à leur endroit car, de
toute chose, Tu es témoin. » (Ma’ida, 5 : 117)
T4. « Nous
avons, en vérité, révélé la
Torah où se trouvent une Direction et une Lumière. D’après
elle, et pour ceux qui pratiquaient le Judaïsme, les Prophètes qui s’étaient
soumis à Dieu, les maîtres divins (Rabbaniyten ) et les docteurs (Ahbar)
rendaient la justice, conformément au Livre de Dieu dont la garde leur était confiée et dont ils
étaient témoins .» (Ma’ida,
5 : 44).
Dieu connaît bien Sa créature :
« Et très certainement, Nous avons créé l’homme et Nous savons ce
que son âme lui suggère. » (Qâf, 50 : 16).
« Croyez-vous que Nous vous ayons créés sans but et que vers Nous
vous ne serez pas ramenés ? » (Mû-minûn, 23 : 115)
Cependant Il lui a confié le “Dépôt ” et lui a assigné de grands
buts - la construction de la société de
l’Unicité Divine, Tâwhid. Dés lors il fallait qu’Il lui donne les moyens
de remplir sa mission sans se perdre. Et c’est ainsi que parallèlement à la Ligne du Khilafat,
Dieu a tracé la Ligne
du Témoignage pour préserver l’homme-Khalife des déviations et le diriger dans
sa marche, prouvant encore une fois de plus, s’il en est besoin, tout l’Amour
qu’Il porte à Ses humbles créatures que nous sommes.
Le verset T4 ci-dessus nous donne
les trois catégories de témoins :
•
Les Prophètes.
•
Les Témoins divins, qui sont les Imams.
•
Les « Docteurs », qui sont les Ulémas.
Ces trois types de
Témoignage ont des fonctions communes mais des rôles respectifs différents. En
effet tout Témoin, référence intellectuelle et législative (savant et juge), a
essentiellement pour fonction de diriger la marche de la communauté, assurant
ainsi la conformité avec le Message divin dont il est gardien.
I-1-2-2 LES
PROPHETES
D’abord il est important de faire la distinction entre deux catégories
de Prophètes :
*
Les Prophètes Envoyés de Dieu (Rassûl)[19]
qui reçoivent le Message mais ont en plus le devoir de le transmettre et de
diriger cette communauté. Cinq d’entre eux apportent un nouveau Code de vie (Chari’a) et sont appelés
Ulul-’Azm.
*
Les Prophètes porteurs du Message ou Nabi mais qui ne sont pas chargés de le transmettre.
Du premier des Prophètes, Adam (P), au dernier, Muhammad (P), 124000
Prophètes (P) auraient été missionnés. Les cinq ulul-Azm est :
*
Le Prophète Nuh (P)
*
Le Prophète Ibrahîm (P)
*
Le Prophète Moûssâ (P)
*
Le Prophète ‘Issa (P)
*
Le Prophète Muhammad (P)
Les Juifs sont les disciples de Moûssâ, les Chrétiens ceux
de ‘Issa et les Musulmans de Muhammad (P). Ainsi il fut révélé aux Prophètes :
•
Nuh : Sahifa
•
Ibrahîm : Sahifah
•
Moûssa : Tawrat
•
Dâwoud : Zabûr
•
‘Issa : Injîl
•
Muhammad (P) : Al Qur’ân,
Qui abroge et annule tous les autres Livres de même que l’Islam abroge toutes
les autres religions.
On pourrait alors se
demander à quoi pourraient "servir" les Nabi s’ils ne " dirigent" pas la
communauté.
Tout d’abord il faut savoir que Dieu peut créer ce qu’Il veut sans avoir à S’en
expliquer. Ensuite il est certain que la présence d’un être pur contribue à
élever, au moins de façon passive, le niveau des consciences individuelles et
de la conscience collective, c’est-à-dire tout simplement à purifier son
environnement humain.
Dans ce qui suit il est essentiellement question des Rassûl quoique les
Nabi puissent être concernés s’ils se retrouvent dans la position
de guides.
Le Prophète (P) est désigné par
Dieu pour être celui qui reçoit la Révélation et éduque la communauté l’éloignant
des faiblesses de la période d’ignorance pré-islamique ou Jahilia et
l’élevant au niveau du rôle du Khilafat. C’est d’ailleurs dans ce sens
de faire prendre conscience à la communauté de ses responsabilités vis-à-vis du
Khilafat que Dieu a imposé- en Grand Pédagogue qu’Il est - au Prophète
de l’Islam (p) de consulter les membres de cette communauté sur les affaires de
l’État.(Al-îmran, 3 : 159).
En plusieurs endroits le Coran a défini le rôle du Prophète (P) :
«Dieu envoya les Prophètes comme
Annonciateurs et Avertisseurs, et fit
descendre avec eux le Livre avec la vérité, pour juger entre les hommes, sur ce
sur quoi ils s’opposèrent. » (Baqara, 2 : 30)
« Nous avons fait descendre vers
toi l’Écriture chargée de Vérité,
déclarant véridique ce qui, de l’Écriture, est antérieur à elle et en
proclamant l’authenticité. Arbitre donc entre tous ces gens au moyen de ce que
Dieu a fait descendre! Ne suis point leurs doctrines pernicieuses t’écartant de
la Vérité
venue à toi! A tous, Nous avons donné une règle et une voie. » (Al-Mâ’ida, 5: 48).
« C’est Lui qui a suscité
parmi les illettrés un Envoyé issu d’eux, Qui leur récite Ses versets, Qui les
purifié, et Qui leur enseigne le Livre et la sagesse; bien qu’ils furent
auparavant dans un égarement manifeste. » (Al-Jumu’a, 62: 2).
«Et de même, Nous n’avons envoyé
avant toi d’Avertisseur en une cité,
sans que ses gens aisés n’aient dit: “Oui, nous avons trouvé nos pères sur
un chemin et nous suivrons leurs traces. ” » (Zukhruf,
43 : 34 ).
« [...] leur ôtant le fardeau et
les carcans qui étaient sur eux. Ceux qui auront cru en lui, l’auront
soutenu, l’auront secouru, et auront suivi la lumière descendue avec lui, ceux
- là sont les gagnants. » (A’râf, 7 : 157 ).
La
responsabilité du Prophète (P) est donc très large: non seulement il doit être un
excellent gestionnaire des affaires de l’État mais en plus il doit orienter et
guider les hommes dans le chemin de Dieu. Il détient les pouvoirs temporels et
spirituels et les exerce à la perfection.
De ce rôle que le Prophète (P) assume découle d’ailleurs sa nécessaire
infaillibilité qui est exaltée dans bien des versets[20]
du Saint Coran; cette infaillibilité que veulent malheureusement ôter au
Prophète de l’Islam (P) certains de nos coreligionnaires victimes d’enjeux et
d’intérêts qui, souvent, les dépassent. Nous y reviendrons plus loin, In
Challah.
I-1-2-3 LES IMAMS
La construction de la Société de l’Unicité Divine étant une œuvre de
longue haleine la durée de vie des Prophètes (P) est d’habitude courte devant
le temps que dure la réalisation de cette Œuvre. Chacun d’entre eux - qu’il
soit Nabi ou Rassûl - apporte sa pierre à l’édifice.
Cependant Dieu a prévu la préservation de Son Message puisqu’Il dit à
propos du Prophète de l’Islam (P) et des autres Prophètes:
« Mohammed n’est qu’un Messager;
des Messagers ont vécu avant lui.
Retourneriez-vous sur vos pas, s’il mourait ou s’il était tué? Celui qui
retourne sur ses pas ne nuit en rien à Dieu. » (Ali-’Imrân, 3 : 144).
Ainsi donc Dieu a désigné comme successeurs de Ses envoyés des hommes
tout aussi exceptionnels que les Prophètes (P). Il est clair, en effet, que
seul un homme doté au moins des mêmes qualités que celles du prophète (P¨) peut
lui succéder dans l’exercice des deux pouvoirs temporel et spirituel afin
d’assurer la pérennité de l’Islam. Ces successeurs désignés par Dieu Lui-même
sont les Imams (P).
Si certains dirigeants de l’Islam, après la mort du Prophète (P), ont
échoué, et ont eux-mêmes reconnu leur échec, c’est parce qu’ils ont pris le
pouvoir, sans réunir les deux dimensions nécessaires, qui sont indissociables.
Leur ignorance des prescriptions (ahkâm dîniyya) a été à l’origine de
graves déviations.
L’Imam (p) étant le dépositaire du Message, il détient et exerce des
pouvoirs de puissance divine sans toutefois apporter un nouveau Message ou une
nouvelle Religion. Citons à ce propos le Coran :
« Nous en fîmes, parmi eux,
des Imams qui guident[21] par Notre Commandement, car ils ont
enduré, et ont la certitude éprouvée de Nos Signes. » (As-Sajda, 32 : 24)
« Nous en fîmes des Imams qui
guident par Notre
Commandement. » (Al-Anbiyâ, 21 : 73)
« Le jour où Nous appellerons
tous les hommes par leur
Imam... » (Al-’Isra,
17 : 71)
« Nous lui avons donné, par
surcroît, Isaac et Jacob, dont Nous avons
fait des justes. Nous les avons établis comme des Imams (chefs) qui dirigent
les hommes selon Notre ordre. Nous leur avons inspiré des œuvres bonnes
. » (Al Anbiyâ, 21 :
72 et 73).
«Et Nous avons fait une
direction pour les fils d’Israël. Nous avons
suscité des Imams pris parmi eux. Ils les dirigeaient sur Notre ordre, quand
ils étaient constants et croyaient fermement à Nos signes. » (Sajda,
32 : 23 et 24).
De même que le Prophète (P), il est Khalife
et Témoin. L’Imam (P), successeur du Prophète (P), est alors infaillible car il
est le Pôle (Al khoutbou Zamàn ) de
jonction des deux Lignes du Khilafat et du Témoignage; il doit conduire
le changement sans en être l’objet c’est-à-dire sans être ni avoir jamais été
influencé par les normes de la
Jahilia qu’il combat. Pur de tout pêché présent ou passé, il
est préservé de l’erreur par Dieu et maîtrise la science prophétique - le
Savoir et la Connaissance
qui permettent de diriger les affaires de la Umma.
I-1-2-4 LES MARJA
(sources de référence)
Le Docteur (‘Alim) ou Marji’, lui, doit sa désignation à la
communauté après un effort humain intense pour acquérir la connaissance de
l’Islam et une piété sans faille. La
Marja’iya, fonction remplie par le Marja’, est une décision divine tandis
que sa concrétisation en une personne est le fait de la communauté.
Il est évident que ces qualités de justice et de piété ainsi que ces
connaissances du Marja’ acquises de
haute lutte ne peuvent faire l’objet d’un legs ou d’un héritage comme il est
souvent - hélas! - coutume de voir certains descendants de grands Cheikhs le prétendre surtout en Afrique
noire mais aussi ailleurs dans le monde musulman.
Et ceci malgré qu’il soit de notoriété
publique que la plupart de ces Cheikhs
ont refusé de se singulariser dans l’Islam pour ne pas être à l’origine de la
division des musulmans en sectes ou confréries dirigées souvent par des gens
qui se soucient davantage de leur propre ego que de l’être du monde.
Le rôle des Marja’ est très
important aussi bien en présence d’un Imam (P) qu’en son absence. Il est le
prolongement des Prophètes (P) et des Imams (P) auprès des populations pour
répandre les enseignements et prescriptions du Livre Saint grâce aux écoles et
autres universités qu’il contribue à créer, à régénérer et à promouvoir. Et lorsque
l’Imam (P), comme c’est le cas pour notre époque, se retire alors les Marja’ ont la lourde tâche d’être les
Témoins que Dieu nous a donnés pour nous guider de façon visible tandis que
l’Imam (P) poursuit son œuvre de guidance intérieure en attendant le moment
opportun pour l’exercer dans toutes ses dimensions.
I-1-2-5
LES DIFFERENCES ENTRE LES TEMOINS
Ainsi une première différence de taille entre
d’une part les Prophètes (P) et les Imams (P) et d’autre part les Marja’ est que les premiers doivent être
infaillibles (Ma’ssoum) afin
d’assister à la perfection le Khalife ou d’être même le point de jonction des
deux Lignes du Khilafat et du
Témoignage, tandis que les Marja’ se
doivent d’être extrêmement justes sans forcément être infaillibles car ils ont
besoin eux-mêmes de témoin :
« Afin que
l’Apôtre soit témoin à votre
encontre et que vous soyez témoins à l’encontre des hommes. »
(Hajj, 22 : 78 ).
« Ainsi Nous avons fait de vous [croyants!] une Communauté éloignée
des extrêmes, pour que vous soyez témoins à l’encontre des hommes et que
l’Apôtre soit témoin à votre encontre. » (Baqara, 2 : 143).
C’est cette différence par rapport à l’erreur
qui prédétermine l’attitude du musulman vis-à-vis des différents Témoins: il
doit être soumis (musulman) aux Prophètes (P) et aux Imams (P) alors qu’il est
un disciple (moukhalled) du Marja’.
Evidemment, la communauté a besoin d’être
dirigée. En l’absence physique d’un Imam (P), comme c’est le cas actuellement,
les Marja’ sont alors chargés de
cette direction et représentent ainsi la Lignée de l’Imamat Général. C’est pourquoi nous
devons leur verser un cinquième de nos surplus à titre de khoumous - ce qui revenait au Prophète et à sa
Famille - comme le
prescrit clairement le verset 41 de la Sourate VIII (Anfâl).
Cet argent sert à aider les démunis, à
contribuer au rayonnement de l’Islam à travers l’enseignement et tout ce qui le
favorise, entre autres.
La seconde différence entre les trois types
de témoins réside dans leur mode de désignation et donc de
"remplacement" en cas de disparition.
Concernant les Marja’, leur Ligne est tracée par
Dieu mais leur choix est fait de
façon consciente par la Umma. Les Prophètes
(P) sont reconnus à travers les miracles qu’ils réalisent[22]
et la
Révélation qu’ils reçoivent tandis que les Imams (P) nous
sont révélés par les Prophètes (P), les autres Imams ou par des preuves
irréfutables.
I-2 LES
DETENTEURS DU POUVOIR EN ISLAM :
I-2-1 ULIL-AMR (DETENTEURS DU POUVOIR)
Il est généralement reconnu que les mauvaises œuvres sont le résultat
de l’ignorance; plus on connaît, moins on s’expose au risque du pêché ou de la
mauvaise action. Le grand nombre de scandales politiques suivis de chutes
d’hommes politiques importants dans nos États modernes, qui se voudraient
laïques (?) mais sont en tout cas profanes, nous suffit pour prévoir ce qui se
passerait s’il s’agissait d’une société qui veut réaliser un projet divin où
aucune faute ne serait pardonnée. On comprend dés lors pourquoi on exige de
l’Imam (P) la perfection.
Tout ce qui a été dit ci-dessus à propos des Prophètes (P) et des Imams
(P) sur le pouvoir et son exercice dans l’Islam est confirmé très clairement
par ce verset, et bien d’autres, du Saint Coran:
« O vous qui croyez! Obéissez à
Dieu, au Prophète et à ceux d’entre vous qui détiennent le Commandement
(ûlil-amr) ! Et si vous divergez au sujet d’une chose, renvoyez-la à
Dieu et au Prophète; si vous croyez en Dieu et au jour dernier. C’est
préférable et meilleur comme interprétation. » (An-Nisâ’, 4 : 59)
D’après ce verset les détenteurs du pouvoir en Islam sont: Dieu
Lui-même, Son Prophète et ceux qui détiennent le Commandement. Ainsi, obéir aux
détenteurs du commandement (ulil-amr)
c’est obéir à Dieu et au Prophète (P); il est alors inadmissible que de
tels dirigeants puissent commettre ou faire commettre des erreurs encore moins
être des dictateurs, des ignorants ou des pêcheurs sinon ... ils nous feraient
désobéir à Dieu!
Il apparaît ainsi de façon évidente que l’Islam recommande vivement -
sinon exige - que les détenteurs du Commandement soient des hommes infaillibles
donc des Imams (P) ou alors des Khalifes qui sont alors assistés de façon très
rapprochée et assidue par un Imam (p) qui les éloigne de l’erreur grâce à sa
guidance de sorte que les deux Lignes du Khilafat
et de l’Imamat restent toujours concomitantes.
L’histoire nous prouve que lorsque l’Imam (P) n’est pas Khalife surtout
que le Khalife n’est dans ce cas jamais totalement soumis à l’Imam (P) alors on
s’écarte de plus en plus du chemin de Dieu.
Un exemple simple dans notre environnement immédiat ou médiat pour
illustrer la nécessité de l’infaillibilité - toutes proportions gardées! -
pourrait être trouvé dans le cadre d’une entreprise ou d’un service donc une
organisation hiérarchisée.
En effet un employé quelconque
doit obéissance à son supérieur hiérarchique et au chef de l’organisation.
Cependant s’il commet une faute en exécutant correctement un ordre provenant de
son supérieur hiérarchique ou du chef, le droit positif prévoit de sanctionner
selon leur degré de responsabilité aussi bien cet exécutant que son donneur d’ordre qui pourrait être le
grand chef. Mais il arrive souvent que
la preuve de la responsabilité du donneur d’ordre ne puisse être faite et alors
c’est l’exécutant qui porte fort injustement l’entière responsabilité de sa
faute. Voilà devant la justice des hommes un cas d’injustice flagrante et
fréquente où la référence ultime en matière de justice et de commandement est
elle-même injuste, alors qu’en Islam cette référence, infaillible, est Dieu et Son Prophète (p) à travers le
gardien de la
Révélation qu’est l’Imam (p).
Enfin nous allons raffermir notre conviction à travers ce hadith autour
duquel l’unanimité s’est faite:
«Quiconque
s’approprie une bonne tradition en détient du même coup tous les bienfaits au
même titre que l’initiateur de cette tradition; inversement les méfaits seront
proportionnels dans le cas d’une mauvaise tradition. »
I-2-2 LE CHOIX DU
SUCCESSEUR DU PROPHETE (P))
L’histoire de la Lignée des Prophètes
(P) nous montre que le successeur du Prophète
était habituellement choisi - par Dieu - parmi les descendants ou
proches du Messager nés dans sa maison et n’ayant connu d’autre éducation que
la sienne. Bien avant l’avènement du Prophète Muhammad (P), Dieu a plusieurs
fois choisi les successeurs de Ses messagers parmi leurs descendants:
« Nous avions envoyé Noé et
Abraham et Nous avions établi, chez leurs descendants, la prophétie et le
Livre. »
(Hadîd, 57 : 26 ).
« Nous lui avons donné Isaac et Jacob. Nous les avons tous deux
dirigés. Nous avions auparavant dirigé Noé, et, parmi ses descendants: David,
Salomon … »
(An’âm, 6 : 84 )
Ce qui est mis en exergue ici c’est la formation et l’
éducation sans lesquelles la
seule parenté au sens de Dieu n’a aucune valeur. La preuve est dans le verset
suivant :
« Lorsque son Seigneur
éprouva Abraham par certains ordres, et que celui-ci les eut accomplis, Dieu
dit :“Je vais faire de toi un Imam pour les hommes. ”
Abraham dit :
“Et pour ma descendance aussi ?”
“ Mon alliance ne concerne pas les injustes.”» (Baqara, 2 : 124).
Donc il ne suffit pas d’être un fils de
Prophète (P) ou un de ses proches pour être un Imam. C’est Dieu qui désigne qui
Il veut et quand Il le veut.
Ainsi le Prophète de l’Islam (P) se devait-il
de respecter cette coutume divine car Dieu affirme dans le Coran qu’Il ne
change pas les coutumes qu’Il a établies entre Lui et Ses créatures :
« Allah ne prive un peuple de Ses Bénédictions que si ce peuple
change lui-même ses nobles habitudes. » (Al-Anfâl, 8 : 53).
Citons quelques exemples qui illustrent cette
tradition qui consiste chez les Prophètes à se faire succéder par un de leurs
descendants ou un de leurs proches :
*
Adam (P), le premier des bergers
des âmes, a eu pour successeur Chi’th
en disant de lui :
« Celui-là est le meilleur d’entre ceux
qui me survivront.» [23]
*
Nuh’ (P) trouva son successeur
en Saam (P) sur ordre de Dieu.
*
Dieu désigna Yusha’ (P) pour
succéder à Mûssa (P).
*
Assif Bune Barkhiya (P)
poursuivit l’œuvre divine de Suleymane (P).
*
Pour ‘Issa (P) le meilleur des
hommes après lui fut Cham’une Al Safa (P).
*
Le Prophète de l’Islam (P), lui,
a dit de Ali (P) : «Celui dont je suis le
maître, voici Ali qui sera son
maître.», comme le rapportent les hadiths authentiques du Prophète (p)
reconnus par tous les groupes de l’Islam.
Par
ailleurs, la situation chronologique particulière du Prophète de l’Islam (p)
dans la Lignée
des Envoyés de Dieu et le
"souci" de laisser à l’homme une Lignée de Guides après Son dernier
Envoyé pourraient être, entre autres raisons que le Tout - Puissant est le Seul
à détenir toutes, à l’origine de la place exceptionnelle faite par Dieu
Lui-même à la Descendance
de Muhammad (P) : Ahlul Bayt (Gens de la Maison) ou Ahlu Zikr
(Gens du Discours ou du Rappel) ou Ahlul Kissa (Gens de la Couverture ou du
Manteau de la
Prophétie sous lequel le Prophète (P) a reçu une fois la Révélation
de Dieu en compagnie de ‘Ali (P), Fatima (P), Hassan (P) et Hussein (P)[24]).
C’est là l’objet du chapitre suivant.
II - LA DESCENDANCE PURIFIEE DU
PROPHETE DE
L’ISLAM (P) :
Tous les musulmans sont unanimes autour des
points suivants :
*
Le Coran est la Parole
de Dieu, immuable et inimitable.
*
On ne peut y ajouter ni en soustraire le moindre signe.
*
Nous avons le devoir absolu de respecter les enseignements du Coran et
d’observer étroitement les prescriptions divines qui nous y sont données.
*
Le Coran a fait l’objet d’une interprétation par le Prophète (P)
lui-même pour l’expliquer et en faciliter l’accès à sa communauté.
S’il y
a divergence entre les musulmans c’est seulement dans la réponse à la question
: vers qui faut-il se tourner pour avoir la bonne interprétation ?
Nous allons chercher la réponse à cette
question dans le Saint Coran qui a, encore une fois comme dans bien d’autres
domaines, clairement et définitivement tranché sur cette question.
Alors, peut-on au gré de quelques vils
intérêts terrestres - on pourrait trouver d’autres motifs tout aussi
inacceptables tels que l’ignorance et le refus "jahilien" du
changement - peut-on donc tantôt croire tantôt ne pas croire au Coran pourtant
reconnu comme Parole de Dieu donc Vérité Absolue ? Assurément non !
Que Dieu nous garde d’une telle turpitude !
Voyons à présent des preuves (Al’Adîla)
irréfutables que nous donne la Parole de Dieu. Nous vous
proposons douze citations du Coran que nous tenterons d’interpréter à la
lumière de quelques hadiths reconnus comme véridiques par la presque totalité des
musulmans, toutes tendances confondues. Ce sont des preuves qui attestent que
Dieu nous a laissé pour nous guider dans le chemin qui mène à la perfection
deux choses : le Coran et la descendance purifiée (Ahlul Bayt) de Muhammad (P); en particulier parmi cette
descendance
le premier Imam après lui, désigné par Dieu bien sûr, est Ali Ibn Abu Taalib
(P).
Un bref rappel historique sur leurs liens de
parenté : le père de l’Imam Ali (P), Abou Taalib (P), est l’oncle paternel
du Prophète (P) et a élevé le Prophète (P) de façon privilégiée par rapport à
ses nombreux autres enfants. Ce dernier à son tour éduqua avec beaucoup d’amour
son jeune cousin Ali (P) (ainsi donc ce dernier n’a jamais été jahilite[25])
à qui il donna en mariage sur ordre de Dieu sa fille préférée Fatima (P).
L’Imam Ali (P) avait huit (8) ans lorsque le Message descendit pour la première
fois sur le Prophète (P) à l’âge de quarante (40) ans la nuit d’un lundi.
L’Imam Ali (P) l’a cru dés le lendemain et devint ainsi le premier musulman.
II-2 LES PREUVES (AL’ADILLA)
II-2-1
Concernant Ahlul Bayt
P1 « Demandez donc aux Gens du Rappel (Zikr)
si vous ne savez pas. » (Nahl, 16 : 43)
Ce verset tout bref qu’il est n’en donne pas moins
une indication d’une importance capitale pour qui a lu au moins une fois le
Saint Coran. En effet, on se rend compte très vite que le Livre de Dieu ne
donne pas toujours les détails d’exécution des prescriptions mais bien souvent
seulement les grands principes qui les régissent, en somme le fond mais pas la
forme. Un peu de la même façon que la graine contient l’arbre sans en
comporter, dans un état de développement définitif, les différents éléments
constitutifs que sont les feuilles, les branches, le tronc et les racines.
Certes la Sunna
du Prophète à travers les Hadiths,
nous permet d’en comprendre l’essentiel mais il restera toujours des versets à
propos desquels diverses interprétations contradictoires seront données et il
en sera de même de quelques situations vécues avec l’évolution des hommes dans
le temps qui nécessiteront la
Lumière du Coran. De ce point de vue, la science de l’exégèse
coranique (Tâfsir) est bien à propos.
Dieu, Qui n’omet jamais rien et Qui prévoit
toujours tout, a désigné parmi et pour les hommes des privilégiés, les Gens du
Rappel ou Ahlul Bayt (Gens de la Maison) ou encore Ahlul Kissa (Gens du
Manteau) vers qui on doit se tourner lorsqu’on veut savoir. Ceux-là sont des
« rassikhouna fil’îlmi » :
ils ont totalement intégré les valeurs des connaissances qu’ils professent car
c’est Dieu Lui-même qui les a dotés d’une telle Connaissance, au véritable sens
du mot.
Pratiquement tout le monde musulman est
d’accord sur l’identité des Ahlul Bayt ou Ahluz-zikr : il s’agit du Prophète (P), de Ali (P), Fâtima
(P), Al
Hassan (P), Al Hussein (P). Les quelques rares personnes qui n’acceptent pas
cette évidence - voir les commentaires du verset P2 ci dessous - ne
mettent personne d’autre à la place de ces illustres personnes.
Cependant il est naturel et logique d’étendre
cette appellation à toute la lignée de leurs descendants purifiés (c'est-à-dire
les 9 imams de la lignée d’Al Hussein (P) Pour trois raisons, entre autres:
- Le Prophète (P) dit dans un Hadith rapporté
par Tabari, une des grandes références, dans son « Tafsir Al Qurân » - rapporté aussi par d’autres
- que les descendants de Ali et Fâtima sont encore
des Purifiés.
- La vie du Prophète (P) n’étant pas
suffisamment longue pour lui permettre d’éclairer la communauté sur tous les versets
coraniques, Dieu a désigné les Imams (P) pour préserver et perpétuer Son Œuvre
sur terre. Ces derniers se sont transmis ce divin Héritage depuis le Prophète
jusqu’au Mahdi (P) en passant d’abord par Ali (P) puis Al Hassan (P), Al
Hussein (P), etc. Cette chaîne de successions est annoncée dans le Coran et
confirmée par des hadiths (voir I-1-2-3
sur les Imams et les versets cités ci-dessous).
Pour avoir été terriblement martyrisé et
humilié - sa tête tranchée fut promenée à travers plusieurs contrées et 70
membres de sa famille et compagnons furent horriblement massacrés avec lui lors
de la bataille de Karbala - Al Hussein (P) fut donc récompensé à travers trois
bienfaits :
-
&n
bsp;
Les neuf Imams qui l’ont suivi ont été choisis par Dieu parmi sa
descendance.
-
&n
bsp;
Le lieu, plus particulièrement le mausolée, où il a été humilié est
devenu un lieu saint et béni de Dieu où toute prière saine est acceptée.
-
&n
bsp;
Le sol qui a bu son sang est béni de Dieu et permet de soigner bien des
maladies.
Enfin,
nous allons citer un Hadith dit des deux poids (Hadith-ul thaqalayni)
qui renforce s’il en est besoin le verset P1 :
« Je vous lègue
deux poids: le premier c’est le Livre de Dieu dans lequel sont votre Guidance
et votre Lumière. Puisez dans ce Livre et accrochez-vous à ce Livre et à ma
descendance (Ahl-ul-Beyt), ma descendance, ma descendance. », D’après Sahih Muslim de Muslim,
Tome
II à la page 238.
Imam Ahmad a rapporté ce Hadith sous une
autre forme avec toutefois le même fond dans ses Musnad tome V pages 182 et 189
ainsi que dans le tome III pages 17 et 26 :
« Je vous lègue
deux poids: le premier est le Livre de Dieu, le deuxième c’est ma descendance.
Le Livre de Dieu et ma descendance c’est une corde tendue entre le ciel et la
terre. Al Latifoul Khabirou (Dieu) m’a
dit que ces deux ne se sépareront jamais jusqu’à la fontaine de Kawçar. »
Tabarâni rapporte également ce hadith dans Al
Kanz page 44 tome I. De même que Hâkim dans le Volume III de son Mustadrak page
148. Egalement Tabarî, Ibn Khaldun, Abul Fidâh, entre autres.
De tout ce qui précède nous concluons
simplement qu’à la question « vers qui se diriger pour avoir la bonne
interprétation du Coran », Dieu nous répond: « vers la descendance
purifiée du Prophète ».
P2 « Dieu
ne veut autre chose, en vérité, que faire partir de vous la souillure, gens de
la maison, et vous purifier de purification parfaite. » (Ahzab,
33 : 33)
Pour bien comprendre ce verset plus connu
sous le nom de verset de la purification, il est nécessaire et peut-être
suffisant de rappeler les circonstances de sa révélation.
En effet, le Prophète (P) se trouvait au
moment de sa révélation chez son épouse Umm Salama, Mère des Croyants connue
pour sa piété et ses vertus. Umm Salama dit d’après un Hadith tiré de Yanâbi al
Mawada (page 125) de Al Ghanduzi :
« C’est chez moi
que fut descendu le verset de la purification. Un jour, Fâtima était venue avec
une marmite contenant une soupe de viande. Le Prophète lui dit: "Appelle
ton mari, ainsi que (tes enfants) Hassan et Hossein." Elle les fit venir. Ils
étaient en train de manger quand fut révélé le verset. Puis le Prophète les
recouvrit avec un manteau de Khaybar qu’il portait sur lui, et
dit: "Mon Dieu, ceux-là sont les Gens de ma Maison, et mes protégés;
éloigne d’eux la souillure et purifie-les complètement!" »
‘Umar Ibn Abi Salama, beau-fils du Prophète
(P), confirme les paroles de sa mère dans les mêmes termes en y ajoutant qu’à
la suite Umm Salama demanda : «Suis-je
avec eux, O Prophète de Dieu ? ».
Le Prophète lui répondit: « Tu as
ton rang, et tu es pour le mieux. »
Bien des savants sunnites professent que ce
verset a été révélé à l’endroit du Prophète et des quatre autres personnes
citées précédemment. Donnons quelques références: Al Ghanduzi dans Yanâbi al Mawada,
page 126; Al Suyûti dans Al-Durr Al-Mansûr, Tome V, page199; Ahmad Ibn Hanbal
dans Moussnad Tome I, page 331; Fakhr Râzi dans Tafsîr, tome I, page 783; Ibn
Hajar dans Sawâiq, page 85; etc.
D’ailleurs Al Ghanduzi rajoute à la même page
précitée :
« Cette tradition
est bonne, et sa chaîne de transmetteurs est authentique, de sorte qu’elle est
la meilleure tradition, dans ce sujet .»
Egalement dans Sahih de Muslim, Aïcha, la Mère des
Croyants,
confirme:
« Le Prophète
portant un manteau de poils de chameau, allait sortir très tôt le matin, quand
Hassan arriva. Il le fit entrer sous le manteau. Hussein arriva à son tour, il
le fit entrer aussi; puis Fâtima, puis Ali. Le Prophète récita alors le verset
de la purification. »
Enfin Al-Souyoûti dans Al-Durr Al-Mansûr
rapporte le discours de Ibn Abbas transmis par Tarofa : « Nous avons vu l’Envoyé de Dieu venir pendant neuf
mois
consécutifs devant la maison de Ali Ibn Abi Tâlib, au moment des prières et
dire : « Que la paix, la bénédiction et la clémence de Dieu soient avec
vous, O Gens de la Maison »
et puis réciter le verset de la
purification.». Ce Hadith a été aussi rapporté selon Abu al-Hamrâ par
Tabarâni, par Ibn Jarir et par Ibn Mardawyh.
Une fois les circonstances de la révélation
éclaircies, nous pouvons à présent contrarier facilement et avec de simples
arguments sémantique et grammatical ceux qui ont tenté de donner une autre
interprétation à ce verset.
Ces détracteurs soutiennent l’idée que ce
verset s’adresse aux femmes du Prophète (P) ou encore que la souillure dont il
s’agit n’est que d’ordre physique. Or du début de ce verset :
« Tenez vous dignes... »
jusqu’à :
« ...obéissez à Dieu et à son Messager. »,
Dieu s’adresse à des femmes au vu de la marque du féminin pluriel
« na » à la fin des mots. Et sitôt après Dieu s’adresse aux Ahlul Bayt au
masculin pluriel, les mots se terminant par « koumou ». A supposer même que les femmes du Prophète
en
fassent parties, alors faudrait-il oser soutenir et démontrer qu’elles sont
aussi purifiées que les Gens de la
Maison alors que le Prophète leur demande de garder leur rang
à elles.
Quant au mot rijsa utilisé dans le
verset et qui est traduit par le mot souillure, il est clair qu’il signifie
aussi bien la souillure physique que celle plus subtile d’ordre spirituel. En
effet les boissons fermentées, le jeu de hasard, les stèles, les flèches
divinatoires sont rijsa (Al Ma’ida, 5 : 90), la viande de porc, le
sang sont rijsa (Al-An’âm, 6 : 145), la mécréance est rijsa
(Al Tawba, 9 : 125). Egalement lorsqu’on est en situation
d’impureté (souillure physique) et qu’on n’a pas d’eau pour faire ses ablutions
Dieu nous autorise à nous purifier à travers une simple pierre; ce qui traduit
que la purification exigée pour prier est d’abord et surtout spirituelle alors
qu’elle a une apparence bien physique. On voit bien qu’il est difficile voire
erroné de détacher le physique du spirituel en matière de souillure d’autant
plus que la souillure externe chez un purifié pourrait être dépolarisée c’est à
dire vécue en bien.
Nous pouvons ainsi déduire de ces quelques
lignes que le verset de la purification nous assure de la pureté parfaite des Ahlul
Bayt qui sont la descendance du Prophète de l’Islam (p).
P3
« Ensuite nous fîmes hériter du Livre ceux de Nos adorateurs que
Nous avons purifiés. » (Fâtir, 35 : 33)
Dieu nous confirme dans ce verset ce que nous
venons de commenter pour le verset de la purification: après les avoir
purifiés ( le même mot : al
Mutaharuna dans les deux versets) Dieu a fait hériter les Ahlul Bayt
du Savoir Suprême, la
Connaissance du Coran, Source de Guidance pour la Umma.
Citons à ce propos le Hadithou’Safîna (tradition de
l’Arche) rapporté par Al Hâkim,
d’après Abi Dharr page 151 du Volume 3 d’Al Mustadrak :
« Mes Ahlul Bayt sont parmi vous
comme l’Arche de Nuh’; qui y monte est sauvé et qui s’en détache se noie et
périt. »
Al Tabarâni, dans Al Awsat d’après Abî Sa’ïd,
ajoute ceci: «Mes Ahlul Bayt sont parmi
vous comme la porte de la rémission des enfants d’Israël, qui y rentre est
pardonné » et aussi dans Al Sawa’îkh page 89: « Que soient mes Ahlul Bayt pour vous,
ce qu’est la tête pour le corps, les yeux pour la tête qui ne trouve son chemin
que par eux. » .
Dans une autre tradition rapportée par Ibn
Hadjar dans Al Sawa’ikh al Muhrikha aux pages 148 et 226 le Prophète (P) dit : « Ne les devancez pas, vous
périrez, ne
vous en éloignez pas, vous périrez, et ne leur donnez pas de leçons, ils sont plus savants que
vous. » Al Ganduzi confirme ce Hadith dans Yanabî’ al Mawwadda aux
pages 41 et 355.
Après avoir cité ces hadiths Ibn Hadjar
explique: « Les comparer à l’Arche
de Nuh’ signifie que ceux qui les aiment et les glorifient en signe de
remerciements pour la grâce de Celui
qui les a honorés, et qui trouvent leur voie en suivant leurs Imams, sont
sauvés des ténèbres de la discorde, mais ceux qui s’en écartent se noieront
dans la mer de l’ingratitude et périront dans les antres de l’injustice. »
Ce verset confirmé et étayé par ces quelques
Hadiths du Prophète (P), nous désignent sans aucune ambiguïté les véritables et
uniques Héritiers de la
Connaissance des Ma’aânis (le sens profond) du Coran: les
purifiés que sont les Ahlul Bayt (P).
P4
« C’est ce dont Dieu fait bonne annonce à ceux de Ses esclaves qui
croient et font bonne œuvre! - Dis: " Je ne vous en demande de
salaire qu’un amour pour mes proches." » (Chûra, 42 : 23).
L’Annonce que Dieu fait ici à Ses pieux
adorateurs est la religion de la
Soumission (l’Islam). Le Tout-Puissant n’en demande de
salaire pour le Prophète (P) qui est Son Envoyé, c’est-à-dire celui-là même qui
a accompli l’Œuvre de Dieu sur terre et qui mérite les marques de
reconnaissance de sa communauté, qu’un amour pour ses proches (khurba) c’est-à-dire sa descendance.
A
présent donnons quelques Hadiths du Saint Prophète (P) relatifs à ce verset et
rapportés par des savants de très grande notoriété:
D’après Al Tabaranî dans Al Awçat repris par
Al Suyûti dans Ihya’al Mayyit, le Prophète (P) dit: « Conservez votre affection pour Ahlul Bayt. Qui
retrouve Allah en
nous aimant, entrera au Paradis par notre intercession. Par Celui qui tient mon
âme entre Ses mains, l’acte du serviteur ne sera reconnu que s’il connaît notre
droit. »
« La reconnaissance de la Famille de Muhammad
disculpe du feu. L’amour de la
Famille de Muhammad permet d’accéder au chemin, la
soumission à la Famille
de Muhammad est un refuge contre la souffrance. » cité par le juge Aya’d dans un
chapitre de Al Shifâ’ au début de la page 40 de la deuxième partie.
« Au jour dernier, les
pas du serviteur ne passeront pas avant qu’il ne soit questionné à propos de
quatre: son âge et comment il le consacra, son corps et comment il l’usa, sa
fortune et comment il la dépensa et d’où il la tira, et son amour pour nous,
les Ahlul Bayt. »
rapporté par Al Tabarani d’après Ibn Abbas, cité par Al Souyoûti.
« Qui passe son
temps à la Mecque,
prie et jeûne mais déteste la
Famille de Muhammad, ira au feu. » rapporté par Al Tabarani et par
Hâkim.
« Moi, mes
délicieux enfants et ma descendance bienveillante sommes les plus cléments d’entre
les enfants et les plus savants d’entre les adultes, c’est en nous qu’Allah
renie le mensonge, qu’Il arrache les canines des chiens, c’est par nous qu’Il
délie vos chaînes, qu’Il dénoue le nœud autour de vos cous, c’est par nous
qu’Il ouvre et qu’Il ferme. » cité dans Kanz al Ummal volume 6 page 396.
« Les aimer c’est
croire, les détester c’est mécroire, s’en rapprocher constitue le Salut et le
Refuge. Si l’on compte qui sont les pieux, ce sont leurs Imams ou si l’on demande qui sont les meilleurs de
la terre, il sera répondu: eux. » Dit Al
Farazdaq à leur propos.
L’Imam Al Chafî’ un des quatre Imams
des grandes Écoles sunnites dit dans un très beau poème:
« O Famille du
Prophète, vous aimer est un ordre donné par Allah et révélé par le Coran. Il suffit,
qu’en signe du grand honneur qui vous est dû, que la prière de celui qui ne
vous salue pas devienne nulle. »
Bien d’autres versets du Coran nous font
obligation de les aimer - mais aussi et
surtout de suivre leurs enseignements comme on l’a montré dans les commentaires
du verset P3 - ainsi que de multiples autres Hadiths et poèmes faits par
des savants qui font autorité dans le monde musulman.
Il est dés lors clair que tout musulman
sincère se doit:
*
D’avoir pour guides les Ahlul Bayt et
la lignée d’Imams issue d’eux.
*
D’aimer et de vénérer la descendance du
Prophète Muhammad (P).
P5 « Si
quelqu’un te contredit après ce que tu as reçu en fait de science,
dis: Venez ! Appelons nos fils et vos fils, nos femmes et vos femmes,
nous-mêmes et vous-mêmes nous ferons alors une exécration réciproque en
appelant une malédiction de Dieu sur les menteurs. » (Al-îmran, 3
: 61)
Ce verset, connu sous le nom de Aya-al-Moubahala
(Verset de
l’exécration) a été révélé au Saint Prophète (P) à la suite d’une lettre adressée
aux chrétiens de Najrân les appelant à sa Foi. En réponse ils sélectionnèrent
parmi eux quatorze hommes - des Évêques et des Prêtres - pour aller à Médine
s’informer tant de la religion que des mérites du Prophète (P); leur véritable
dessein étant bien sûr d’arriver à faire prévaloir leur religion devant celle
des musulmans et pouvoir ainsi rester dans leur Foi.
Devant le refus du Prophète (P) de les
recevoir ‘Ali (P) leur conseilla d’ôter
leurs vêtements de soie et leurs bagues en or. Ils s’exécutèrent et furent
alors aimablement reçus par le Prophète. Lors d’une discussion sur Jésus (P),
le Prophète leur expliqua que Jésus (P) n’était qu’un Prophète.
Après cette rencontre, les versets suivants
furent révélés au Prophète (P) :
«En effet, il en est de Jésus
comme d’Adam auprès de Dieu : Dieu l’a créé de terre, puis Il lui a dit :
« sois », et il fut.
La vérité est de ton Seigneur. Ne sois donc pas du nombre des
sceptiques.
Si quelqu’un te contredit après ce que tu as reçu en fait de science,
dis : « Venez ! Appelons nos fils et vos fils, nos femmes et vos femmes,
nous-mêmes et vous-mêmes : nous ferons alors une exécration réciproque en
appelant une malédiction de Dieu sur les menteurs. » » (Al-îmran,
3 : 59 à 61)
De retour de leur congé à la recherche d’arguments,
les chrétiens délégués furent alors informés du Décret de Dieu et l’acceptèrent
comme un moyen de mettre fin à la discussion, respectant en cela une vieille
tradition arabe de cette époque, la
Mubahala (épreuve de mutuelle malédiction ou encore
une sorte d’ordalie).
Le
jour du rendez-vous, le Prophète (P) en se rendant au lieu choisi pour
l’épreuve, tenait Al Hassan (P) d’une main et Al Hussein (P) de l’autre,
représentant « nos fils ».Sa fille Fatima (P), représentant
« nos femmes », marchait derrière lui suivi de ‘Ali (P) assimilé à la
propre personne du Prophète (P), en d’autre terme son alter - ego, dans
l’expression « nous-mêmes »[26].
Ce point de vue sur ce que représentait chaque personne présente autour du
Prophète (P) n’est pas sujet de discussion car l’unanimité s’est faite autour
de cette interprétation.
Avant de se rendre au lieu susdit,
l’Archevêque aurait conseillé à ses hommes de ne pas accepter de jurer au cas
où le Prophète (P) ne se serait entouré que des membres de sa Famille. Dans le
cas contraire, il leur aurait recommandé de ne pas hésiter à aller jusqu’au
bout.
A la vue d’une aussi sainte constellation,
l’Archevêque et ses hommes craignant alors pour leur sort, renoncèrent à subir
l’épreuve de Mubahala. Ils trouvèrent
leur salut dans la promesse de payer un tribut annuel d’environ quatre vingt
mille dirhams.
Nous devons retenir là que le Prophète (P),
en se faisant entourer de ‘Ali (P), Fatima (P), Al Hassan (P) et Al Hussein
(P), a voulu démontrer aux yeux du monde et en prenant Dieu pour Témoin que
seuls ceux-là étaient en mesure de tenir un tel défi en faisant exaucer son Vœu
grâce à leur pureté parfaite (Voir le verset de la purification P2 ).
P6 « Mais non! Je jure par les couchers
d’étoiles! - Et vraiment c’est un serment énorme, si vous saviez! - que ceci
est certes oui une noble lecture, dans un Livre codé que seuls les purifiés
touchent. » (Wâqi’a, 56 : 75 à 79)
Dieu achève de nous convaincre - Il
« jure »! - que Son Livre est « codé » et que « seuls
les purifiés le touchent ».
Certains traducteurs du Coran - notamment
Muhammad Hamidoullah et Yûssuf ‘Ali - ont utilisé « bien gardé » à la
place de « codé ».Cependant ce dernier mot traduit mieux en effet le
terme arabe « mak-nûne » qui signifie que le Coran est certes un
Livre donc physique mais qu’Il est surtout une Subtilité Divine à la
compréhension profonde de laquelle ne peuvent avoir accès que des Privilégiés.
Lesquels Privilégiés sont les Purifiés, Al Moutaharouna.
La même expression, Al Moutaharouna,
est utilisée pour désigner les membres de la Famille du Prophète (P) dans le verset de la Purification P2.
S’agirait-il d’une coïncidence ?!
Rappelons-nous, pour répondre à cette
question, du verset P1 où
Dieu nous dit : «Demandez aux Gens du Zikr si vous ne savez
pas.» Ainsi donc l’on comprend que les Ahlul-Bayt ont été purifiés par
Dieu et sont de ce fait les seuls en mesure de porter à notre entendement les
méandres du Livre codé qu’est le Coran. Le lien entre ces trois versets - P1, P2 et P6 -
est clairement établi. Il ne s’agit point de coïncidence mais d’un lien étroit
et explicite.
Aussi est-il évident qu’il ne s’agit pas ici
d’un simple toucher physique comme l’ont souvent mal interprété certains
exégètes. Car c’est Dieu Lui-même qui assure que seuls les purifiés peuvent
toucher ce Livre. Or on sait que n’importe qui peut s’emparer d’un livre,
fut-il le Coran, et donc le toucher au sens physique. Et même pire que cela,
des gens ont brûlé le Coran d’autres L’ont déchiré et malgré tout Il est encore
là et sera toujours et au delà des jours là.
Par ailleurs il relève du simple bon sens que
tout musulman doit se purifier avant tout acte cultuel - pas seulement lors du
toucher du Coran - et même si possible
en permanence. Le Prophète (P) a de tout temps réservé une place de choix dans
ses enseignements à l’hygiène et à la propreté.
II-2-2
Concernant l’Imam Ali
P7 « Et avertis ton clan le plus
proche. » (Al-Chu’arâ, 26 : 214)
C’était aux premiers temps de l’Islam à la
quatrième année de sa mission. Lorsque le Prophète reçut cet Ordre de Dieu
d’avertir ses proches parents, il invita les enfants de Abdoul Mouttalib à un
entretien dans ce but.
Une première rencontre eut lieu. Le Prophète
(P) demanda à l’Imam Ali (P) de préparer le repas pour une quarantaine de
personnes avec seulement deux kilogrammes et demi, soit un sâh, de farine de blé et un gigot de viande. L’
Imam Ali (P)
s’exécuta et non seulement tout le monde mangea à sa faim mais la nourriture
resta. Ce miracle fit dire à Abou Lahab que le Prophète (P) les avait
ensorcelés. Suite à cette déclaration les hôtes du Prophète quittèrent les
lieux sans avoir attendu l’objet de la réunion.
Une deuxième rencontre fut alors convoquée
par le Prophète dans les mêmes conditions d’organisation et avec le même
miracle. Cette fois-ci on l’écouta.
Le Prophète dit ceci :
« Ô
fils de Abdul Muttalib, je jure par Dieu que je ne connais pas un jeune dans le
monde arabe qui a amené quelque chose de meilleur que ce que je vous ai amené
car je vous ai amené le meilleur qui soit dans ce monde et dans l’Au-delà. Dieu
m’a ordonné de vous appeler à Cela.
Dieu n’a jamais envoyé de Prophète sans qu’Il
ait désigné son successeur parmi ses propres parents. Qui va m’assister
dorénavant dans ma noble tâche et être ainsi mon frère, mon héritier et mon
successeur? Il sera pour moi ce que fut Harun pour Moïse. »
Devant le mutisme teinté d’incrédulité et de
railleries de l’assistance, le jeune ‘Ali (P) se leva aussitôt et se porta
volontaire avec véhémence pour une telle mission. Cependant, afin de laisser la
possibilité à d’autres candidats de se proposer, ce ne fut qu’au troisième
appel que le Prophète accepta l’unique proposition venant de ‘Ali (P).
Le Prophète l’entoura de ses bras et portant
haut son bras, dit :
«Voilà mon frère, mon lieutenant, mon
successeur, mon Khalife sur vous. Ecoutez-le tous et obéissez-lui. »
La réunion terminée, l’assemblée se disloqua.
Certains, se moquant de Abu Talib (P), lui faisaient remarquer qu’on venait de
lui ordonner ainsi d’obéir à son fils.
Cette histoire a été ainsi racontée par
plusieurs sources parmi lesquelles on
peut citer:
*
Ibnul Açir dans Al Kâmil page 24.
*
Souyoûti dans Jamoul Jawami tome VI pages 392, 396, 397.
*
Al Muharîkh (l’historien) Jorgy Zeïdan dans Tarikhou Tamadoûnoul
Islami tome I page 31.
*
L’érudit Mohammed Hassanil Haïkal dans Hayyat Mohammed page 104, 1ère
édition.
*
L’Imam Ahmad dans ses Musnad tome I page 111.
*
Le savant Al Kanji Ashaf-hi dans Fil Kifâya page 89.
*
Tabari dans ses Fi Tawârikh.
*
Ibn Abil Hadid dans Charhou Nahj tome III page 255.
*
Également deux occidentaux bien connus dans le monde islamique:
l’anglais Georgis dans Makhalatoune fil Islam (Un mot sur l’Islam) et Thomas
Carlyl dans Al Abtal (Les Héros).
L’on
est en droit de tirer de ce verset P6
que le successeur du Prophète (P) est bel et bien Ali Ibn Abu Talib (P).
P8 « Et Ibrahîm! ... Quand son Seigneur
l’eût éprouvé par de certaines paroles et qu’il les eut accomplies, le Seigneur
dit : "Oui, Je vais faire de toi un Imam pour les gens" - "Et de
ma descendance ?" demanda-t-il. - "Mon Pacte dit Dieu, ne touche pas
les prévaricateurs."»
(Baqara, 2 : 124)
Le Prophète Ibrahîm (P) a eu à subir, nous
dit le Tout-Puissant, beaucoup d’épreuves avant d’être désigné par Dieu
Lui-même Imam. Parmi ces épreuves on peut rappeler: le supplice du feu,
l’épreuve de la lune, du soleil, ses tribulations, sa patience et sa fidélité,
la construction du Temple de la Ka’bah,
l’épreuve du sacrifice de son fils Ismaël (P).
Ceci vient nous confirmer ce que nous disions
plus haut à propos de l’Imamat (§ I-1-2-3) : un Imam doit être une personne
exceptionnelle à tout point de vue notamment au plan de la Connaissance et de la Spiritualité -
donc la moralité - tant passée que présente. En clair, un Imam doit être
infaillible et sans pêché tant dans son passé que dans son présent comme
l’exprime le mot arabe « az-zâlimina »
qui est tantôt traduit par « les injustes », tantôt par « les
prévaricateurs » mais qui va plus loin en dénotant le caractère permanent
de cette « injustice » passée ou présente; tout comme d’ailleurs sont
différentes une personne condamnée puis graciée et une personne qui n’a jamais
été condamnée. Ces deux personnes sont certes libres mais elles n’ont pas aux
yeux de la Loi le
même statut comme l’attestent leurs casiers judiciaires respectifs.
L’Imam ‘Ali (P) n’a pas eu à pratiquer une
autre religion que l’Islam. Son Savoir était immense, ses qualités humaines
inégalables et ses vertus morales sans faille et ceci de tout temps. Cela est
enseigné par toutes les Écoles de l’Islam. Nous vous renvoyons à ce propos au
paragraphe concernant l’Imam ‘Ali (P) { § II-3].
De ce fait on est en droit de nous attendre à
ce qu’une telle personne puisse être désignée par Dieu Imam, contrairement à
bien de ses contemporains qui ont osé se positionner devant lui pour le Pouvoir
tout en lui reconnaissant toutes ses qualités extraordinaires et malgré le
Choix de Dieu porté sur lui. D’autant plus que de tous ceux qui pensaient
pouvoir prétendre à la succession du Prophète (P) il était le seul à en avoir
les arguments intellectuels, moraux, spirituels et divins.
P9
« Non, vous n’avez d’autres maîtres que Dieu et Son Messager, et
les croyants qui établissent l’office et font la charité cependant qu’ils
s’inclinent. » (Ma’îda,
5 : 55)
Dés que ce verset fut révélé au Prophète (P),
il sortit de chez lui et se dirigea vers la mosquée. Avant d’y arriver il
rencontra un mendiant et lui demanda s’il avait reçu de l’aumône et de qui. Le
mendiant lui confirma qu’il venait de recevoir une bague de la part d’une
personne qu’il désigna. Il précisa que le donneur était au moment du don en
position d’inclinaison dans la prière (Roukou).
Le donneur était l’Imam Ali Ibn Abu Talib
(P). Le Prophète (P) convaincu une fois de plus de la position exceptionnelle
de l’Imam ‘Ali (P) en tant que son successeur désigné par Dieu, s’émerveilla
devant tant de Lumière Divine et confirma ce qu’il dira encore à Ghadir Khom[27]
à propos de son illustre second.
Tous les musulmans sont unanimes sur l’interprétation
de ce verset quant à son lien avec l’anecdote que nous venons de raconter.
Citons quelques références parmi beaucoup
d’autres, ayant trait à cette question:
*
Aboul Hassan ‘Ali Nisabury dans Asbabun-nuzul, page 113 de la version
arabe.
*
Suyûti dans Dûrrul Mansûr, tome II page 293.
*
Tabrâni dans Al Awçat.
*
Al Kandji Ashafi-hî dans Kifayatou-talib, page 106.
*
Fakhrou Razzî dans ses tafsir, tome III page 417.
*
Shiblanji dans Nurul Absar, page 105.
*
Zamakhchari dans Al Kachaf, tome I page 422.
*
Tabari dans Zakhaîroul Oukhba, page 88.
Ce
verset à lui tout seul aurait suffi pour démontrer - s’il en était encore
besoin malgré toutes les déclarations du Prophète (P) - que l’Imam ‘Ali (P)
était le successeur désigné par Dieu, du Prophète de l’Islam (P). Ce verset est
clair et limpide comme l’eau de source et son interprétation ne souffre
d’aucune contestation pour ceux qui comprennent les signes de Dieu.
P10 « Dis :" est-ce qu’ils sont
égaux ceux qui savent et ceux qui ne savent pas ?" » (Zumar,
39 : 9)
Le Prophète (P) nous a dit dans un Hadith
reconnu par tout le monde musulman :
« Je suis la Cité de la Connaissance et ‘Ali
en est la Porte ».
L’Imam ‘Ali (P) lui-même disait souvent:
« Demandez-moi avant que vous ne
me perdiez. Il n’y a pas un seul verset qui soit descendu sans que je ne
sache à quel moment et dans quel contexte il est descendu. »
Dés lors, il est évident que l’Imam Ali (P)
était le plus savant de ses contemporains. Par conséquent, selon ce verset, il
était celui-là même qui méritait avant quiconque de porter le flambeau de la Connaissance de
l’Islam après le Prophète (P) et diriger la Umma dans le long chemin qui mène à la Société de
l’Unicité Divine.
P11 «ô
Messager, communique ce qui a été descendu vers toi de la part de ton Seigneur;
- si tu ne le faisais pas, alors tu n’aurais pas communiqué Son message. Et
Dieu te protégera des gens. Non, Dieu ne guide pas le peuple mécréant. » (Ma’îda,
5 : 67)
Le Saint Prophète (P) de l’Islam reçut ce
verset pour les uns à Arafat lors de son
dernier pèlerinage à la Mecque,
pour les autres après ce pèlerinage alors qu’il en revenait et se trouvait à
Ghadir Khom.
Toujours est-il que tout le monde islamique
est d’accord pour dire que ce verset est descendu peu de temps avant la fameuse
halte à Ghadir Khom que demanda le Prophète à ceux qui l’accompagnaient sur le
chemin du retour de son pèlerinage d’adieu.
Ghadir Khom est un endroit aride, désertique
et très chaud qui a tout pour ne pas être une oasis paisible. D’aucuns disent
qu’on pourrait même y griller de la viande sous la seule chaleur du soleil.
C’est dans un pareil endroit que le Prophète (P) a demandé à sa suite
d’observer une halte pour qu’il leur parle. On imagine alors qu’il avait
quelque chose de vraiment important et urgent à leur communiquer.
Le Prophète (P) fit dresser une chaire faite
à base de selles de chameaux. Il demanda ensuite à Bilal de faire l’appel (hayya
ala khaïril amal = ô gens accourez à la meilleure des actions) pour
rassembler les gens aussi bien les devanciers que les retardataires, soit en
tout plus d’une centaine de milliers de personnes.
Il tint l’Imam ‘Ali (P) à sa droite, lui
arrangea son turban noir et lui souleva le bras droit en tenant ce langage aux
gens :
« Vous croyez
qu’il n’y a de dieu que Dieu, que Muhammad (P) est Son messager et Son
Prophète, le Paradis et l’enfer sont des vérités, que la mort et la
résurrection sont certaines, n’est-ce pas? »
Ils répondirent tous
: «Oui, nous le croyons ! »
Il les informa alors
qu’il sera bientôt rappelé par son Seigneur, puis il prononça cette adjuration
:
« Celui dont je
suis le Maître Ali aussi est son Maître. Que Dieu soutienne ceux qui
soutiennent Ali et qu’Il soit l’Ennemi de ceux qui deviennent les ennemis de
Ali. »
Omar et Abu Bakr firent
partie des premiers à féliciter l’Imam Ali. Omar le fit en ces termes :
« Bakhin! Bakhin!
(Soit Bravo!) Tu es devenu le maître de tous les croyants et croyantes.»
Par ailleurs dans ce verset P11 Dieu promet protection au
Prophète (P) lorsqu’il aura transmis Son Message. En fait il s’agit de la
protection contre ceux qui étaient hostiles à l’Imam ‘Ali (P).
En effet l’Imam ‘Ali (P) avait bien des
ennemis dans le rang des compagnons du Prophète. Pour plusieurs raisons :
- En protégeant l’Islam et le Prophète (P) il
a eu à tuer lors des différentes guerres défensives auxquelles il a participé,
les parents au sens large de certains d’entre eux surtout parmi les notables
Quraychs et Mecquois.
- La convoitise autour de l’unique fille
adorée du Prophète (P) qu’il épousa.
- La fermeture des portes des maisons qui
donnaient sur la
Mosquée de Médine sauf celle de ‘Ali (P) et Fatima (P). De
plus chaque fois qu’il passait devant leur porte il récitait le verset de la
purification P2.
- La guerre sainte de Khaïbar à l’occasion de
laquelle il s’illustra héroïquement après l’échec de tous les autres chefs de
guerre. Devant le mur quasi infranchissable des ennemis juifs de Khaybar, il
fut désigné après une nuit de suspense par le Prophète comme étant
« celui-là qui aime Dieu et que Dieu aime et qui sera capable de vaincre
cet ennemi. »
C’est ainsi que, le Prophète (P) tardant à
transmettre le Message de Dieu concernant sa succession - par souci de se voir
reprocher d’être partial en choisissant dans sa famille - se fit rappeler par Dieu
de « communiquer ce qui a été descendu vers lui de la part de son Seigneur
et que s’il ne le faisait pas il n’aurait pas communiqué Son Message ».
Bien évidemment cette interprétation a
été magnifiée et transmise par toutes les chaînes de tradition. Donnons
ci-dessous quelques références de taille:
- Nisabury dans Assbabul nuzul.
- Suyûti dans Addurul Mansûr, tome V page
215.
- Râzi dans son Tafsiral Kabir, tome III page
636.
- Bukhari dans ses Sahih, tome VI page 12.
- Hâkim dans Mustadrak, tome III page 148.
- Ibn Abdel Bar Al Andaloussi dans Tajridou
Tamhid page 185.
- Muhibudin Tabari dans Zakhaioul Akba, page
19
- Annawawi dans Riyadu Salihina, page 455.
A la fin de cette cérémonie d’installation,
le célèbre verset suivant du Coran fut révélé au Prophète (P) :
P12 «Aujourd’hui, j’ai parachevé
pour vous votre
religion et accompli sur vous mon bienfait. Et il m’agrée que l’Islam soit
votre religion. » (Ma’îda,
5 : 3)
Le Prophète (P) se prosterna en signe de
gratitude.
II-3 FATIMA ET LES DOUZE
IMAMS AHLUL BAYT (P):
Le Prophète (P), Fatima (P), et les douzes
imams (P) sont les quatorzes infaillibles. Les cinq premiers: le Prophète
(P), l’imam ‘Ali (P), Fatima (P), Al Hassan (P) et Al Hussein (p)
sont les gens du manteau car un jour le Prophète les avait enveloppés dans son
manteau et il lui fut révélé le verset suivant : « Dieu
ne veut autre chose, en vérité, que faire partir de vous la souillure, gens de
la maison, et vous purifier de purification parfaite. » (Ahzab,
33 : 33).
II-3-1
QUI ETAIT FATIMA (P) ?
Fatima (P) était la fille unique du Prophète
de l’islam (P) et la mère de toute sa descendance. Elle était infaillible comme
en atteste le verset cité plus haut, ainsi les paroles prophétiques
authentiques parmi lesquelles : « Le contentement de Fatima (P) est
mon contentement et mon contentement est le contentement d’Allah. La colère de
Fatima (P) est ma colère et ma colère est la colère d’Allah » ou encore
« Fatima est la maîtresse des femmes (sayyidatun nisâ) ». Parmi les
femmes certaines ont atteint le rang de l’infaillibilité comme le Coran le
confirme concernant seyydat Maryam (P) et Fatima (P).
Fatima (P) est née en l’an 6 de la mission
prophétique, de la mère des croyants
Khadidja bint Khuwaylid (RA).Elle épousa l’imam Ali en l’an 2 de l’Hégire et
mourut entre trois et six mois après la mort du Sceau des prophètes à l’âge de
dix huit ans. Elle consacra sa vie entre les travaux ménagers, qu’elle
partageait à tour de rôle avec sa servante la sainte Fidha, l’éducation de ses
enfants et l’adoration nocturne. Elle proposait souvent des solutions aux
problèmes des femmes et aidait les nécessiteux du produit de la vente des
récoltes de son verger nommé Fadak qu’elle avait reçu du Prophète (P) sur
l’ordre d’Allah. Elle était très assidue dans la préservation de la sunna de
son père dont elle écrivait les paroles sur une peau qu’elle gardait jalousement. Un jour n’ayant
pas retrouvé une de ses précieux objets elle affirma à sa servante que ces
écrits lui étaient aussi précieux qu’Al Hassan (P) et Al Hussein (P). Elle
était également de très fort caractère ce qui est attesté par le discours
qu’elle prononça après la mort de son père (P) dans la mosquée du Prophète (P)
et devant tous les musulmans. Fatima (P) était un modèle pour tous les
musulmans et musulmanes et cela est reflété par cette parole du Prophète
(P) : « Fatima (P) est une partie de moi».
II-3-2 QUI ETAIT L’IMAM ‘ALI (P)
L’Imam ‘Ali (P) naquit à la Mecque 23 ans avant l’Hégire,
exactement le 13 du mois de Rajab alors que le Prophète avait 30 ans.
Il est
le fils de Abu Talib (P) qui lui-même est le fils de Abdul Muttalib. Ce dernier
est le père de Abdallah (P) lequel est le père du Prophète Muhammad (P). L’Imam
‘Ali (P) était le cousin direct du Prophète (P). Sa mère est Fatimâ Bint Assad
(RA). Donc l’Imam Ali (P) est né d’un père et d’une mère tous deux Hachimites.
A la suite du décès précoce - dés leur
enfance - des deux fils du Prophète (P), Qaçîm (P) et ‘Abdallah (P), Fatimâ
Bint Assad (RA) qui portait alors l’Imam dans son ventre s’était promis de
confier en signe de compassion son futur enfant à Muhammad (P).
C’est pendant qu’elle faisait le Tawaf
(circumbulation) elle fit une
prière à la suite de laquelle la Ka’bah
se fissura en un endroit du côté de Al
Mustadiaar par lequel elle s’introduisit dans la Ka’bah pour donner le jour à
son illustre enfant, l’Imam ‘Ali (P).
Le Prophète (P) fut la première personne
qu’il vit dés sa naissance. L’Envoyé de Dieu remercia le Tout-Puissant, lava le
nouveau-né et prédit qu’à sa mort c’est l’Imam Ali (P) qui fera son bain
mortuaire. Cette prédiction se réalisera de façon effective.
L’Imam ‘Ali (P) grandit entre sa mère et le
Prophète (P) jusqu’à l’âge de cinq ans puis vécut ensuite en permanence avec le
Prophète (P). Il aimait beaucoup l’odeur du Prophète (P) avec qui il partageait
le même lit.
Il avait neuf ans lorsque le Prophète de
l’Islam (P) qui en avait 40, reçut le Message de Dieu. Le jeune ‘Ali (P) le
crut aussitôt sans avoir eu à pratiquer une quelconque autre religion ou
croyance. Et cela à un âge où ses actes ne sont pas encore comptabilisés auprès
de Dieu. Ainsi donc on peut affirmer qu’il est né musulman.
De plus en tant que premier élève et disciple
du Prophète (P), il eut le privilège d’apprendre auprès de son éducateur
« 1000 portes de connaissances qui ouvrent 1000 autres portes »[28].
On peut alors comprendre ce Grand Homme lorsqu’il dira plus tard à son
peuple :
« Demandez-moi avant que vous ne me
perdiez. Il n’y a pas un seul verset qui soit descendu sans que je ne
sache à quel moment et dans quel contexte il est descendu. »
Le Prophète (P) en personne confirma
cela en disant dans un hadith célèbre que nous avons déjà cité :
« Je suis la Cité de la Connaissance et ‘Ali
en est la Porte ».
Par ailleurs,il a été rapporté de Ibn Abbas
ce hadith très célébre :
« Toute la Connaissance a été
divisée en dix parties qui ont toutes été maîtrisées par l’Imam ‘Ali (P). Une
seule de ces dix parties a été mise à la portée de toute l’humanité et dans
cette dixième partie l’Imam était encore le plus savant.»
Dieu décida que l’Imam Ali (P) épousa la
fille et combien adorée du Prophète (P), Fatimâ Zahra (P). Un mariage
« lié par Dieu Lui-même et qui était destiné à être à l’origine d’une
progéniture illustre qu’on appelle les fils du Prophète (P) qui sont distingués
des autres membres de la umma par leur
titre d’Imams ou de Commandeurs des croyants et par leur position de
successeurs du Prophète de Dieu (P). », selon Sayyed Safdar Husayn dans
« Histoire des premiers temps de l’Islam », page 102; ainsi que l'ont
également écrit Tabari et Al Tabrani en citant des hadiths du Prophète.
En effet devant les hésitations de l’Imam
‘Ali (P), dues à la très grande pudeur et au respect immense qu’il nourrissait
pour le Prophète , ce dernier (P)
appela sa fille Fatima (P) et lui tint ce langage :
« Dieu a élu parmi les plus
nobles créatures de la terre deux hommes : ton père et Ali. Dieu a décidé que ma progéniture
sortira de toi et lui. »
Dans un autre hadith, qui illustre bien, par
ailleurs, ces propos, le Prophète (P) dit:
« Ali et moi, nous étions une
seule et même Lumière avant la création de Adam. Cette Lumière se transmit de
personne en personne parmi les proches amis de Dieu jusqu'à Abdoul Mouttalib.
De là Elle prit deux directions : celle qui mène à Abdallah et l'autre qui
aboutit à Abou Talib. La première continue à travers moi tandis que la seconde
poursuit son chemin à travers Ali. Ces deux flux se rencontrent à nouveau chez
Fâtima qui a engendré ma descendance avec sa lignée d'Imams. »
La douce et obéissante Fâtima (P) acquiesça
et accepta ainsi, après avoir poliment refusé maints autres prétendants, que
‘Ali (P) devint son époux. Remarquons à ce propos qu’à plusieurs reprises Fâtima
(P) a eu l’occasion de refuser une proposition de mariage devant son père
simplement en baissant les yeux ; le père comprenait alors et acceptait
sans hésiter la décision de sa fille. Une belle leçon à méditer surtout pour
ceux qui prétendent souvent au nom d’une pseudo - tradition pour le moins
tyrannique, imposer un conjoint non désiré à leur enfant.
Par
ailleurs l’Imam ‘Ali (P) et Fâtima (P) avaient un destin très lié par delà les
seuls liens du mariage. C’est d’abord à propos du prophète. On sait en effet
que le Prophète (P) a perdu à l’âge de 50 ans la même année, appelée pour cela ‘amul huzn ou année de la
tristesse, son
oncle qui l’a élevé - Abu Talib (P) - et sa première épouse – Khadija (RA)..
Les deux avaient des fonctions de protection vis à vis du Prophète :
*
En tant que notable de la ville et chef de la tribu Banu Hachim, Abu
Taleb (P) protégeait le Prophète (P) contre les membres des autres tribus
arabes de la Mecque. Pour
cette raison d'ailleurs il se fit beaucoup d'ennemis qui finirent par le faire
prendre pour ce qu'il n'était pas du tout : un mécréant, mort mécréant. En
effet si tel était le cas, comment pourrait-on alors expliquer que le Saint
Prophète (P) puisse être affligé à un tel point (Amul huzn) par la mort
d'un mécréant, fut-il son oncle, alors que Dieu dit:
« Il n’appartient pas au Prophète et aux
croyants d'implorer le pardon en faveur des associateurs, fussent- ils des
parents alors qu'il leur est apparu clairement que ce sont les gens de
l'Enfer.» (At-Tawba, 9 : 113)
*
Dans un autre registre, Khadija (RA) protégeait le Prophète par sa
noblesse familiale Qoraych, sa grande sagesse conseillère et sa respectable
richesse matérielle - elle était une très grande commerçante.
Heureusement ces fonctions de protecteurs furent poursuivies par ‘Ali
(P) à la place de son père Abu Talib (P) et par Fatima (P) à la place de sa
mère Khadija (RA).
Si on devait citer et illustrer toutes les vertus de l’Imam Ali (P), il
nous aurait fallu plus qu’un seul livre pour les exposer. On ne saurait tout de
même ne pas parler de sa foi sans faille en Allah, de son dévouement sans
limites au Prophète (P), de son Savoir sans bornes, de son très grand courage,
de ses immenses qualités de justice, de générosité, de bonté, et de charité.
Il prouvera plusieurs fois sa foi sans tâche, son dévouement au
Prophète de l’Islam (P) et son courage intrépide en posant des actes très
explicites notamment - lors des guerres, toutes défensives, auxquelles il a eu
à participer, également lors de l’émigration forcée du Prophète (P) vers Médine
(l’Hégire).
En effet il a participé à toutes les guerres saintes sauf à celle de
Tabuk. A l’occasion de cette dernière, le Prophète (P) lui demanda de rester à
Médine. Les Munafikhines (hypocrites)
commencèrent alors à médire en faisant circuler l’idée que le Prophète (P)
avait laissé son cousin avec les femmes, tout en insinuant de mauvaises
intentions à la hauteur de la jalousie qu’ils nourrissaient pour ‘Ali (P).
L’Imam, atteint par de telles médisances demanda au Prophète (P) de lui
permettre de participer à cette guerre. L’Envoyé de Dieu lui dit :
« Est- ce que tu ne veux pas
être pour moi ce que Haroun était pour Moûssa sauf qu’il n’y a pas de Prophète
après moi ? ».
‘Ali (P) comprit alors la stratégie du Prophète (P) qui voulait laisser un
homme de confiance derrière lui pour assurer ses arrières c’est - à - dire pour
la sécurité des vieillards, des femmes et des enfants ainsi que la protection
de la ville de Médine qui était alors la Capitale de l’Islam.
Une autre guerre qui a beaucoup marqué l’histoire de l’Islam de par les
difficultés stratégiques rencontrées, et où l’Imam ‘Ali (P) s’illustra par son
courage, sa bravoure mais surtout son auréole d’Élu de Dieu, fut la
bataille de Khaybar.
A l’occasion de cette bataille les Musulmans connurent une tâche des
plus éprouvantes qui consistait à attaquer une forteresse bien protégée par un
rempart infranchissable.
Précisons tout de suite que le motif de cette bataille était
essentiellement la violation par les habitants de Khaybar du traité de
protection mutuelle entre Médine et Khaybar au bénéfice d’un rapprochement de
cette dernière avec la
Mecque. Cette violation constituait une menace pour la
sécurité des habitants de Médine et en particulier celle du Prophète qui,
rappelons-le, a été chassé de la
Mecque. En un mot il s’agissait d’une déclaration de guerre
des habitants de Khaybar contre ceux de Médine. De là, la bataille était bien
défensive.
Pour en revenir à la bataille de Khaybar proprement dite, le Prophète
qui souffrait de maux de tête avait successivement désigné plusieurs de ses
compagnons parmi lesquels Abu Bakr Ibn Abi Quhâfah, Khalid Ibn Walid, ‘Umar Ibn
Al Khattab, pour mener l’assaut contre le rempart ennemi. Mais ils avaient tous
échoué devant l’ampleur de la tâche.
C’est ainsi que le Prophète (P) fut amené à prendre la décision
suivante :
« Demain je remettrai mon
Drapeau à quelqu’un que Dieu et Son Prophète aiment, un éternel fonceur
redoutable qui ne tourne jamais le dos à l’adversaire. C’est par lui que le Seigneur
accordera la victoire. »[29]
Chacun des principaux compagnons du Prophète (P) était soucieux d’être
le lendemain l’illustre élu. Personne ne pensait qu’il pouvait s’agir de l’Imam
‘Ali (P) d’autant plus que ce dernier était non seulement très malade des yeux
et ne pouvait rien voir mais aussi était même absent selon certains hadiths
(d’après Al Tabarî et Rawdhat al-Ahbâb entre autres). Quelle ne fut alors la
surprise de l’assistance lorsque le lendemain le Prophète (P) fit venir ‘Ali
(P) et après avoir appliqué sa salive sur ses yeux le guérissant ainsi
définitivement de sa maladie, lui demanda de porter son Étendard contre le
front ennemi. On dit que l’Imam ‘Ali (P)
ne souffrit plus jamais de maux d’yeux jusqu’à la fin de sa vie.
La suite est connue: l’Imam ‘Ali (P) triompha de ses ennemis et fut
chaleureusement accueilli par le Prophète (P). Ce dernier encouragea ses
adeptes qui avaient échoué tout en citant en exemple l’Imam ‘’Ali (P) à qui il
donna le surnom de « Assadullâh » (Le Lion de Dieu) (Voir Gibbon, D.
and F. of Roman Empire, vol. V, p.365)
Hormis ces qualités de l’Imam ‘Ali (P) que nous venons de citer et/ou
d’illustrer, il est également important de noter sa pudeur exceptionnelle et
ses manières fort chevaleresques allant, lors des batailles, jusqu’à tourner le
visage devant un ennemi dévêtu, ne jamais poursuivre un fugitif ou encore ne
jamais achever un blessé, etc.
Toute sa vie durant, l’Imam ‘Ali (P) eut à faire face à des ennemis de
toute nature. Les raisons qui justifiaient ces inimitiés à l’égard de ‘Ali (P )
se nourrissaient toutes si on veut voir dans le terreau de la jalousie (le
Prophète sur ordre de Dieu le privilégiait devant tous les autres compagnons),
du désir de vengeance et de son corollaire la haine (il avait tué, pour
défendre l’Islam, des parents de grands notables de la tribu ennemie des Banou
hâchimites que sont les Banou Ummaya).
En effet les privilèges dont
jouissait ‘Ali (P) et les motifs de la jalousie et de la haine qu’éprouvaient
certains compagnons ou non du Prophète (P) tenaient en ceci :
§
Son père Abu Talib était un des premiers convertis à l’Islam
contrairement aux pères d’un grand nombre de compagnons du Prophète et à toutes
les tentatives de déformation de l’histoire qui ont voulu faire croire le
contraire.
§
L’Imam est le cousin et le
gendre du Prophète (P) lequel lui a donné en mariage sa fille unique Fâtima
Zahra (P) qui était tant convoitée.
§
Les portes des maisons des compagnons qui donnaient sur la Grande Mosquée
de Médine furent toutes fermées sur ordre du Prophète (P) à l’exception de sa
propre porte et de celle de ‘Ali (P) et son épouse.
§
Ali (P) a porté l’Étendard du Prophète pratiquement lors de toutes les
grandes batailles et notamment à Khaybar où tous les autres Compagnons avaient
échoué.
§
Il était le plus savant de toute la communauté après le Prophète (P)
qui lui reconnaissait d’ailleurs
l’immensité de ses connaissances divines qu’il s’était chargé lui-même de lui
inculquer. Rappelons que c’est le Prophète (P) qui l’a éduqué et formé.
‘Ali (P)
était un homme d’une droiture exceptionnelle et avait un juste franc-parler.
C’est chargé de tous ces « handicaps » que l’Imam ‘Ali (P) se
trouva confronté après la mort du Prophète à des gens qui lui en voulaient pour
ses origines banu-hâchimites, pour tous ses succès et sa gloire.
Il fut gardé en résidence surveillée pendant tout le règne des trois
premiers califes après le Prophète (P), soit environ trente (30) années. Malgré
cela il était pendant tout ce temps la référence ultime en matière d’interprétation
du Coran, de droit islamique et de connaissance tout court tant pour les
gouvernants que pour le peuple.
Après l’assassinat du troisième calife Usman, l’Imam ‘Ali (P) fut élu
presque à l’unanimité calife. C’était alors la première fois que l’Imam désigné
par Dieu et le calife officiel étaient une seule et même personne. L’Imam est
ainsi le premier Imam et le quatrième calife. Son fils Al-Hassan (P) sera lui
le deuxième Imam et le cinquième calife.
L’Imam Ali (P) mourut le 21 du mois de Ramadhan de l’an 40 après
l’Hégire, mortellement blessé à la tête par un Khârijite (i.e. dissident,
contre Ali (P) et contre Mu’âwiyah) du nom de Ibn Muljim alors qu’il dirigeait
la prière le 19 Ramadhan au matin.
Avant de mourir il prit le soin de confier son meurtrier à son fils
Al-Hassan (P) en lui recommandant de le traiter avec justice. Il leur dit
également les noms des trois prochains successeurs : Al-Hassan,
Al-Hussein, Zein al-Abédine (P). Cet ordre dans la succession est confirmé dans
un hadith où le Prophète dit : «Al Hassan et Al Hossein (P) sont deux
Imams qu’ils s’asseyent ou qu’il se lèvent. » On verra le sens de la cette
dernière proposition ci-dessus.
Plusieurs ouvrages ont été consacrés rien qu’à la bataille de Khaybar.
Il serait donc prétentieux d’avoir ainsi résumé la vie de l’Imam Ali (P) mais
il était juste important de vous le présenter de façon brève.
II-3-3 QUI ETAIT AL HASSAN (P) ?
L’Imam Al Hassan (P) est le premier petit-fils du Prophète de par sa
mère Fatimâh mais aussi le fils aîné du Prophète de par son père ‘Ali (P) qui
selon Mohammed (P) « est de lui et lui est de ‘Ali ». Rappelons à ce
propos que lors de l’ordalie (Mubahilah) qui opposa le Prophète aux chrétiens
de Najran, Muhammad (P) appela Al Hassan (P) et Al Hussein (P) là où Dieu lui
demandait d’appeler ses fils, l’Imam ‘Ali (P) pour « nous-mêmes » et
Fâtima (P) pour « nos femmes ».
Il est né à Médine le 15 du mois de Ramadhan de l’an 3 après l’Hégire
alors que le Prophète avait 56 ans.
Ce dernier fut immédiatement averti et se rendit aussitôt auprès de
Fâtima (P). Il prit l’enfant et l’embrassa puis demanda au père, l’Imam ‘Ali
(P), le nom de son enfant. ‘Ali (P) lui répondit de la même manière qu’il
venait de répondre quelques instants plus tôt à sa femme lorsqu’elle lui posa
la même question : « je ne peux pas devancer le Prophète (P) de Dieu que
tu es. ». Et le Prophète (P) de lui répondre : « Moi non plus, je ne
peux pas devancer Dieu. » C’est alors que l’Ange Jîbril (P) apparut
au Prophète (P) pour lui annoncer le nom que Dieu avait donné à l’illustre
enfant : Al Hassan (P). Un nom que personne n’avait porté jusque là dans
toute l’Arabie.
Dans l’oreille droite du nouveau-né le Saint Prophète récita l’Appel à
la prière (Al Azan) puis dans
l’oreille gauche l’annonce de la prière (Al
iqâma).
Au septième jour de la naissance de Al Hassan (P), le Prophète égorgea
un mouton. A la femme qui assista Fâtima (P) dans son accouchement il remit une
partie du mouton et un dinar pour lui exprimer sa joie et sa reconnaissance. Il
fit également raser la tête du divin enfant et donna en aumône la valeur d’un
poids d’argent (métal) équivalent à celui des cheveux coupés.
A la place du sang avec lequel les arabes de l’époque enduisaient le
corps d’un nouveau-né, le Prophète (P) utilisa les huiles mélangées de Khaloûq et de safran. Puis il
circoncit
l’enfant.
Al Hassan et son petit- frère Al Hussein (P) – qui naquit un an après
lui – grandirent sous l’aile protectrice et l’amour infini du Prophète (P). Un
hadith de Abu Huraïra rapporté par l’Imam Ahmad Ibn Hanbal nous raconte cette
anecdote :
« Un jour que le Prophète (P) se
promenait avec ses deux enfants, un arabe, qui l’observait depuis un bon moment
lui fit la remarque suivante :
-
ô Prophète (p) de
l’Islam, tu ne cesses d’embrasser ces enfants. Je sens que tu les aimes au plus
haut point. Et le Prophète de lui répondre :
-
Je jure que je les aime
et celui qui les aime m’aimera et celui qui les déteste me détestera. »
De
même qu’il répondit à un autre qui lui reprochait cette fois ce noble élan :
« Je consacrerais
toujours le temps qu’il faut pour donner à ces enfants tout l’amour que je
nourris pour eux. Quant à toi ce n’est pas de ma faute si Dieu t’a enlevé du
cœur toute affection. »
Même dans la prière – moment de vérité
absolue chez le musulman a fortiori chez le Prophète (P) – il lui arrivait que
l’un de ces enfants soit sur sa nuque alors qu’il avait le front par terre. Il
attendait simplement que l’enfant se dégage pour se soulever.
Les deux frères tirèrent de leur proximité
avec le Prophète (p) une éducation sans faille sous-tendue par une instruction
tout aussi vaste que dense embrassant tous les domaines de la Connaissance. Cela
se passa ainsi jusqu’à la disparition du Prophète (P) à l’âge de 8 ans pour Al
Hassan (P) et 7 ans pour Al Hussein (P). C’est alors que l’Imam ‘Ali (P) prit
la relève auprès de ses illustres enfants.
Al Hassan (P) ressemblait beaucoup au
Prophète (P) tant au plan physique que moral. Il était très actif auprès du
Prophète (P) et plus tard auprès de son père l’Imam ‘Ali (P). Ceci
contrairement à ce que l’on a pensé de lui et que certains ouvrages et autres
traditions ont pu le soutenir lui prêtant des attitudes de personnage
débonnaire, sans forte personnalité.
Il suffit pour s’en convaincre de se rappeler
le rôle de preux défenseur qu’il joua en compagnie de son frère Al Hossein (P)
devant la porte du Palais de Usmân quant ce dernier se trouva menacé par une
foule de musulmans révoltés ayant à leur tête Mohammed fils de Abu Bakr. Un
second exemple parmi d’autres est sa grande capacité mobilisatrice et de
combattant lors des deux campagnes[30]
que mena son père contre les armées de Moâwiyah et de Aïcha en vue des
batailles respectives de Jamal et de Cifayin.
L’Imam Al Hassan (P), digne fils de l’Imam
‘Ali (P), était un guerrier redoutable mais également un fin stratège. Il
savait que le grand dessein de Moâwiyah, après la mort de l’Imam ‘Ali, était
l’extermination de tous les descendants du Prophète (P). Il s’arma de cette
certitude mais aussi de la
Parole de son Père le Prophète (P) de l’Islam qui avait
prédit que Al Hassan (P) et Al Hussein (P) étaient tous deux Imams qu’ils
soient « assis » ou « debouts ». En effet, pour sauver la
descendance du Prophète (P) et tous les musulmans véridiques qui leur étaient
restés fidèles de l’infâme dessein de Moâwiyah, il fut amené à se faire
violence en acceptant, à travers la négociation avec Moâwiyah, d’être l’Imam
des deux qui était « assis ». Ses forces militaires réduites et
l’héritage affaibli dont il disposait ne lui permettaient pas de s’opposer à
Moâwiyah qui avait acheté avec l’argent de Beytul-mâl
(ou encore Trésor Public) de nombreux notables et chefs de guerres de la
région. Cette situation ajoutée à la révolte des Khârijîtes contre tous les
dirigeants (‘Ali et Moâwiyah), à la dislocation de l’armée de l’Imam ‘Ali (P) à
la suite des batailles de Cifayin, Jamal et Nahrawân, à la forte affliction
causée par la mort de son père ‘Ali (P), tout cela mis ensemble justifiait
amplement le choix hautement stratégique et combien sage de l’Imam Al Hassan
(P) qui décida donc de négocier, répétons-le, malgré lui.
Le traité qu’il signa avec Moâwiyah stipulait
clairement qu’aucun Calife ne pouvait avoir autorité sur lui Al Hassan (P),
ensuite que les partisans de l’Imam ‘Ali (P) ne pouvaient faire l’objet d’une
chasse aux sorcières et encore moins persécutés, que les injures et calomnies
proférées jusque-là sur la descendance du Prophète (P) dans les mosquées et
autres lieux publics étaient immédiatement proscrites.
Certains musulmans protestèrent tandis que
l’Imam Al Hussein (P), lui, accepta comme toujours les décisions de son frère
qui, selon sa conception se devait « d’être assis » en ce moment et
qu’au moment opportun il devra, lui Al Hussein (P) « rester debout ».
Moâwiyah ne respecta pas ses engagements. Il
fit même pire en envoyant une femme du nom de Ja’âda, fille de la sœur de Abu
Bakr, pour empoisonner l’Imam Al Hassan (P). Il lui promit de la marier à son
fils Yazid, de lui offrir son poids en or, etc. Évidemment une fois la tâche
accomplie, comme à son habitude, il ne tint aucune de ces promesses.
C’est ainsi que l’Imam Al Hassan (P) devint
martyr à Médine le 28 du mois Safar de l’an 50 après l’Hégire. Il fut enterré à
Baqia (Médine) loin de son grand-père le Prophète (P) de l’Islam. Et comme tous
les Imams de la
Sainte Lignée il prit le soin avant de mourir de désigner
l’Imam Al Hussein (P) comme son successeur désigné par Dieu et tel que le lui
ont indiqué ses prédécesseurs, le Prophète Muhammad (P) et l’Imam ‘Ali (P).
Nous n’avons retracé là qu’une infime partie
de la vie de l’Imam Al Hassan (P) qui pourrait faire l’objet de plusieurs
livres. Son importance dans l’histoire de la succession méritait cependant
qu’on fasse ce petit détour.
II-3-4 QUI
ETAIT AL HUSSEIN (P) ?
Al Hossein naquit le troisième jour du mois
de Châ’abâne de l’an 4 après l’Hégire.
Dés sa naissance, une dame du nom de Assmâ
porta l’enfant au Prophète (P). Ce dernier le regarda longuement puis se mit à
pleurer. Devant la dame interloquée et suppliant le Prophète (P) de lui
expliquer la raison d’un tel épanchement, ce dernier lui révéla que l’enfant
qu’elle venait de lui mettre entre les bras allait être un martyr de l’Islam.
Al Hussein (P), disait le Prophète (P) sera tué par des dissidents ignobles et
dévergondés en faveur desquels, assura-t-il, il n’intercédera point.
Al Hussein (P) reçut du Prophète (P) les
mêmes sacrements que ceux reçus par son frère à sa naissance (l’azan et l’iqâma dans les oreilles, le
rasage, le don d’une certaine quantité
d’argent, etc.).
Comme son frère Al Hassan (P), Al Hussein (P)
bénéficia auprès du Prophète (P) d’une éducation très riche et sans faille,
sous-tendue par une instruction tout aussi vaste que dense embrassant tous les
domaines de la
Connaissance. Il grandit dans le même amour infini du
Prophète (P).
A l’âge de 7 ans il perdit son père le
Prophète de l’Islam (P) mais retrouva cet autre illustre père qu’était l’Imam
‘Ali (P). Ce dernier prit donc en charge de continuer à parfaire l’éducation de
ses enfants Al Hassan (P) et Al Hussein (P) qui, ne n’oublie pas, étaient
désignés par Dieu pour être des Imams comme l’avait déjà annoncé le Prophète
(P).
C’est ainsi que le père (‘Ali) et les deux
enfants (Al Hassan et Al Hussein) furent éduqués par la même personne : le
Prophète (P) à la fois cousin et beau-père pour l’un mais aussi père et
grand-père pour les autres. Dieu assurait ainsi la pérennité de Ses
Enseignements à travers une Sainte Lignée, celle des Descendants du Prophète
(P) dont l’éducation était l’œuvre de Dieu Lui-même à travers les mains du
Prophète Mohammad (P) , le meilleur de tous les êtres que Dieu a créés.
Après la mort de l’Imam ‘Ali (P) et
l’empoisonnement de l’Imam Al Hassan (P), il revint à l’Imam Al Hussein (P), à
l’âge de trente ans, de prendre la lourde responsabilité de conduire la Umma sur le chemin de la Perfection.
L’héritage était encore une fois très lourd à
porter. En effet Moâwiyah avait imposé Yazid son fils aux
différents dignitaires de la région - sauf à Médine - en leur demandant de lui
prêter allégeance de gré ou de force. Or l’histoire nous apprend que Yazid
était une personne sans scrupule qui n’avait que trois passions :
l’alcool, la femme et la chasse. D’ailleurs l’annonce de la mort de son père le
trouva en pleine séance de chasse.
Dés son accession au pouvoir en remplacement de son père,
Yazid demanda
à son représentant à Médine, Walid Ibn Oth’ba, de dire à Al Hussein (P) de lui
prêter allégeance. Et au cas où il refuserait l’ordre était donné à Walid de lui
trancher la tête et de la lui envoyer.
Walid convoqua Al Hussein (P) une nuit pour lui faire part
des ordres
qu’il avait reçus de Yazid. Al Hussein (P) demanda d’abord de réserver sa
réponse pour le lendemain en plein jour vu l’importance de la question. Puis en
réponse à l’énervement de Marwâne Ibn Hakâm – qui conseilla à Walid de ne pas
laisser Al Hussein (P) sortir de là-bas vivant sans avoir atteint son objectif
– Al Hussein (P) dévoila tout ce qu’il pensait en son for intérieur. Il
dit : « Quelqu’un comme moi ne prête pas allégeance à quelqu’un
comme Yazid car nous sommes la
Maison de la Révélation, la Source de la Connaissance,...».
Sorti de ces lieux, Al Hussein (P) qui savait alors que sa
vie et celle
des membres de sa famille et de ses partisans étaient menacées, décida
d’émigrer vers la Mecque.
La ville sainte était en effet le seul endroit où les arabes,
même avant l’avènement de l’Islam, évitaient toujours de verser le sang.
Une fois arrivé à la
Mecque, Al Hussein (P) envoya son cousin Muslim Ibn ‘Aqîl,
comme messager en Irak, plus précisément à Koûfa, pour vérifier si l’état des
consciences dans cette contrée lui était encore favorable. Rappelons que la
ville de Koûfa était la base de son père ‘Ali (P).
Plusieurs milliers de lettres lui parvinrent de Kûfa, l’
invitant à
venir s’y établir. Ibn Ziad, le représentant de Yazid à Koûfa, ayant appris que
Muslim Ibn ‘Aqil avait été envoyé en éclaireur en Irak, le fit tuer avec son
hôte Hâni Ibn Urwa ainsi que d’autres partisans. Après avoir commis un tel
forfait, Ibn Ziad ferma les portes de la ville. Il interdit mais aussi
découragea toute velléité de révolte en faisant croire aux populations que
l’armée de Yazid avait encerclé la ville et était prête à réprimer dans le sang
les désobéissants. Tout ceci afin d’éviter que l’assassinat de Muslim ne
s’ébruitât ; ainsi pour Al Hussein (P), la ville de Kûfa était toujours
prête à le recevoir.
Conforté par les nouvelles qu’il avait reçues de Kûfa, Al
Hussein (P)
se mit en route pour cette ville en compagnie de sa famille, de tous ses
partisans et des membres de leur famille.
Arrivé à Karbala, il rencontra l’armée envoyée par Ibn
Ziad et dirigée
par Hûr Ibn Yazid Ar-riyahi et ‘Umru Ibn Sâ’ad.
Ils furent encerclés par cette armée plusieurs jours
durant. Toutes leurs
provisions étaient déjà épuisées et donc les hommes affamés et assoiffés,
lorsque le 10 du mois lunaire de Muharram, Ibn Sa’ad et ses soldats
s’abattirent sur le fils du Prophète (P) et les membres de sa famille. Ils
furent tous massacrés avec une extrême cruauté. Les chevaux de l’ennemi
piétinèrent le cadavre décapité de Al Hussein (P) tandis que les femmes,
attachées derrière les chevaux étaient violemment traînées et humiliées à
travers plusieurs villes. Un seul fils adulte d’Al Hussein (P) échappa à
l’horrible tuerie : Ali Ibn Al Hussein (P) plus connu sous le nom de Zein
El-Abedîne, qui était malade.
Zeynab (P), la sœur de Al Hussein (P), fut horrifiée et
pleine de
compassion et de tristesse en voyant la tête décapitée de son frère suspendue à
la pointe d’une lance. Elle fit un poème fort poignant que nous préférons vous
transcrire en arabe avant de tenter de le traduire :
« mâza takhûlûna iza khâlâ
nabi yulakum
mâza fa altum wa antum akhîrul umamî
bi hit’ratî wa bi hah li bâ’da muf takhadî
mine hum ussâra wa mine hum daraju bidami
mâkâna hâza jazâ’i iz nassakhtu lakum
antukh li fûnî bi su’ine fî dzawî rahîmi
înî la afchâ aleykum an yukhmala bikum
mis’lal azâbi lezi yakh ti alal ûmami.“
Que direz-vous lorsque le Prophète (P) vous demandera,
Vous le peuple qu’il a laissé derrière lui,
Qu’avez-vous fait de ma descendance et de ma famille après
ma
mort ?
Parmi eux des prisonniers de guerre et des corps baignant
dans leur
sang
Lorsque Yazid reçut la tête tranchée de Al Hussein (P), il
fit un poème
dans lequel il dit :
« La tribu des Hâchimites (celle
du Prophète) s’est amusée avec le pouvoir. Il n’y a eu ni nouvelles, ni
révélations venues de Dieu. Je regrette que mes ancêtres morts à Badr ne soient
pas présents en ce jour de gloire. »
La nouvelle de la mort de Al Hossein (P) se
répandit à la vitesse du son. Et ses ennemis de répandre des commentaires
dénués de tout fondement sur le martyr. Reprochant à Al Hussein (P), auprès de
qui voulait les entendre, de s’être intéressé à la politique au détriment de la
religion en allant jusqu’en Irak pour former une armée et combattre Yazid.
Cependant la sœur de Al Hussein (P), Zeynab
(P), mena tout le long du parcours sur lequel on les traîna, elle et ses sœurs,
une campagne d’explication des nobles desseins de Al Hussein (P). Elle le fit
dans de mémorables discours qu’on peut trouver notamment dans plusieurs
ouvrages.
L’œuvre magnifique et surtout le sens du
sacrifice du frère de Al Hassan (P), fils de Ali (P) et de Fâtima (P) et
petit-fils du Prophète (P), sont restés si longtemps mal compris et
expressément déformés par les Omeyyades que certaines traditions qui nous sont
parvenues le présentèrent tel que le décrivirent ses assassins.
Or donc Al Hussein (P) n’était allé à Kûfa que
dans le but de préserver ses partisans et surtout le lourd héritage qu’il avait
reçu de son frère. Les preuves en sont nombreuses :
-
Il est parti avec les femmes et les enfants donc il n’avait nullement
l’intention d’attaquer qui que ce soit.
-
Ses partisans de Kûfa l’avaient invité avec beaucoup d’insistance à
venir rester auprès d’eux afin de continuer l’œuvre de ses prédécesseurs :
le Prophète (P), Ali (P) et Al Hassan (P). A ce propos, des personnes qu’il
avait rencontrées alors qu’il était presque arrivé à destination lui dirent
ceci : « Le cœur des gens de Kûfa est avec toi mais leurs sabres sont
sur toi. ». Hélas il était trop tard.
-
Sachant qu’il était l’Imam qui devait rester « debout » et
confirmant en cela la prédiction du Prophète (P), il n’avait aucune autre
alternative que celle d’agir. Car sa mort est une action posée contre les
ennemis de l’Islam, une preuve d’amour pour ses partisans et surtout pour la
cause de l’Islam. En effet elle provoqua au sein de la Umma une réelle prise de conscience du poids
de la charge (Al Amana), et mit à nu
toutes les déviations et autres perversions des Ommeyades. Cela eut pour
conséquence la renaissance de l’Islam vrai et donc sa conservation à travers la Sainte Lignée
du Prophète (P) qui se perpétua avec Zein El Abédine (P) que Dieu avait
miraculeusement protégé du massacre de Karbala.
Sous la tente où Zein El Abédine (P) était
alité, Al Hussein (P) lui avait légué le pouvoir qu’il détenait et lui avait
transmis, comme l’ont fait ses prédécesseurs, la liste des Imams qui auront à
lui succéder.
II-3-5 QUI ÉTAIT ZEIN EL ABEDINE (P)
:
Le quatrième Imam est Ali fils de Al Hussein
(P) et de Châh Zanân, fille de Yazdagard. Il est né à Médine le 15 du mois
lunaire de Jumâd al ‘ûla, en l’an 36 après l’Hégire.
Seul rescapé de la tuerie de Karbala parmi
les hommes de la famille de Al Hussein (P), il bénéficia d’une éducation faite
de rigueur, de sagesse et d’une connaissance très approfondie du Saint Coran et
des Hadiths du Prophète de l’Islam (P) tant auprès de son père que de la sœur
de ce dernier, Zeynab (P).
Une anecdote pour tenter d’illustrer ne
serait – ce qu’un pan de sa sagesse : Un jour une personne insulta l’Imam.
Ce dernier l’écouta silencieusement. Quelques temps après l’Imam se rendit chez
elle. Il récita ce verset coranique :
« …pour ceux qui maîtrisent leur colère ; pour ceux qui
pardonnent aux gens : Allah aime ceux qui font le bien. » (Al Imran,
3 : 134)
Puis s ‘adressant à cette personne il
lui dit : « Ô frère ! tu nous as offensé et dit ce que tu
penses. Si ce que tu as dit est vrai, qu’Allah me pardonne, et si ce que tu as
dit n’était pas vrai, qu’Allah te pardonne. ».
Il doit son surnom de « Perle des
adorateurs » (Zein El Abédine) à sa très grande piété et ses nombreuses
prières, invocations et autres marques de dévotion surérogatoires. Il était
d’ailleurs connu également comme Zoul
thafâna c’est-à-dire quelqu’un dont la peau des genoux s’est endurcie à
force de travail, en fait à force de se prosterner. Il est à noter que ce surnom comme le surnom
des autres imams lui fut donné par le prophète lui-même : Jabir ibn
Abdallah Al Ansari rapporte : « un jour j’étais assis avec le
Prophète et il jouait avec Al Hussein (P), il (P) me dit : Un fils naîtra
de cet enfant qui se nommera Ali (p) et au jour du jugement un annonceur criera
ou est le seigneur des adorateurs (sayyid al sajjidîn) et ce fils se lèvera .
De ce fils naîtra un Muhammad (p) si tu le rencontre salue le de ma
part ».
Sa générosité légendaire au bénéfice des
pauvres et des indigents ne fut entièrement découverte qu’après sa mort
tellement il fut discret dans ses largesses.
Il eut à former beaucoup de docteurs en
matière de connaissance du Coran et de l’Islam.
Il est mort empoisonné le 25 du mois lunaire
Muharram en l’an 95 après l’Hégire à l’âge de 57 ans. Il fut inhumé à Baqî à
Médine. Et à l’instar de tous ses prédécesseurs, il désigna, avant de mourir,
son successeur : son fils Muhammad Al Bâqir (p).
II-3-6 QUI ETAIT MUHAMMAD AL BÂQIR (P)
:
Le cinquième Imam est Mohammed surnommé Al
Bâqir (P). Son père est l’Imam Ali fils de Al Hussein (P), plus connu sous le
nom de Zein El Abédine (P). Sa mère est Fatima (P), fille de l’Imam Al Hassan
(P).
Il est né le lundi 1er Rajab de
l’an 57 de l’Hégire. Son père et sa mère étaient respectivement le petit-fils
et la petite-fille de l’Imam Ali Ibn Abi Talib (P) donc du Prophète (P). Ainsi,
il était le premier à être descendant de l’Imam ‘Ali (P) des deux côtés en plus
d’être totalement imprégné de l’environnement éducationnel du Prophète de
l’Islam (P).
Il eut également le malheur de vivre à l’âge
de quatre ans le massacre de Karbala où fut martyrisé son grand-père Al Hussein
(P).
Citons pour mieux cerner son caractère
quelques passages du « Guide islamique des enfants » de Abbas Ahmad Al
Bostani (pages 30 et 31).
« Il fut un homme de beaucoup de qualités de
grandeur, de révérence et de piété. Il était la quintessence du savoir, de la
courtoisie et des dispositions au bien. Il fut dévot, humble et généreux.
Les récits ci-après sont révélateurs de la
qualité de son caractère :
Un jour, un chrétien insulta l’Imam en le
traitant de Baqar (une vache). L’Imam
lui répondit : « Je suis Al Bâqir (celui qui exhume la
connaissance) ». Le chrétien rétorqua : « Tu es le fils d’une
cuisinière ». L’Imam répondit : « C’était son
travail ». Le chrétien, injurieux, répliqua : « Tu es le fils
d’une mère barbare ». L’Imam lui dit : « Si tu as dit la vérité
qu’Allah lui pardonne, et si tu as menti, qu’Allah te pardonne ».
Ayant constaté cette bonté chez l’Imam, le
chrétien se convertit à l’Islam.
Jabir Ibn Abdullah Al Ansari, un compagnon du
noble Prophète raconta : « Un jour j’étais avec le Prophète (P), qui
gardait son petit-fils Hussein (P) sur ses genoux et jouait avec lui. Le
Prophète me dit alors : « O Jabir ! Ce fils des miens engendrera
un fils ayant pour nom ‘Ali qui à son tour engendrera un fils appelé Muhammad.
O Jabir ! Lorsque tu le rencontreras, transmets-lui mes salutations. Après
quoi tu ne vivras plus longtemps. »
L’Imam Al Bâqir (P) était un océan de
connaissances et pouvait répondre à toute question sans hésitation. Ibn Ata Al
Makki dit à ce propos : « Je n’ai jamais vu de grands savants se
sentir aussi inférieurs devant quelqu’un, qu’ils le sont devant Muhammad Al
Bâqir (P). Ainsi j’ai assisté à son entretien avec Hakim Ibn Utayba :
celui-ci était comme un enfant face à son instituteur ».
Muhammad, fils de Muslim relate :
« jamais une question ne m’est venue à l’esprit sans que je manque de la
poser à l’Imam Muhammad Al Bâqir (P), jusqu’à ce que le nombre de questions que
je lui ai posées ait atteint 30 000. »
A Médine où il était la référence ultime en
matière de Connaissance, il arrivait que les gens évitassent de le rencontrer
de peur de subir des représailles des dirigeants Ommeyades de l’époque. ‘Umar
Ibn Abdel ‘Aziz, après s’être rendu compte de l’affaiblissement de la dynastie
Ommeyyade à la suite de multiples coups portés par les révoltes des
populations, décida d’interdire les injures qui étaient proférées tous les
vendredi à l’encontre des descendants du Prophète(P) depuis l’Imam ‘Ali (P).
Egalement il prit la décision de rendre aux descendants du Prophète le champ de
dattiers connu sous le nom de Fadâk que Fatima Zahra (P), qui l’avait hérité de
son père le Prophète (P), avait réclamé à Abû Baker pendant son règne.
De telles décisions encouragèrent les
Musulmans de l’époque à rendre visite à l’Imam Al Bâqir (P) sans plus aucune
crainte. Cette ère fut appelée pour sa fécondité Al Asr Azahab ou l’époque d’Or.
L’Imam Muhammad Al Bâqir (P) se
rappelait toujours Allah. Son fils, l’Imam Ja’far Al Çadiq (P) raconta :
« Mon père se rappelait Allah à tout moment ; partout où je
l’accompagnais, je le voyais évoquer Allah; même lorsqu’il conversait avec les
gens, il gardait Allah dans la mémoire; il accomplissait la prière de Tahajjud (surérogatoire de minuit)
régulièrement, était dévoué à l’adoration d’Allah, et pleurait d’amour d’Allah.
Jusqu’au règne de l’Ommeyyade ‘Abdul Malick
Ibn Marwan, la monnaie utilisée par les musulmans était la monnaie byzantine.
Un conflit éclata, et l’empereur byzantin voulut utiliser l’arme
économique, et envoya un ultimatum après
quoi les musulmans seraient privés de la monnaie byzantine. Embarrassé et
craignant le pire, le calife demanda conseil à tous les notables mais la
situation étant tellement imprévisible ils se déclarèrent tous dépourvus de
solutions. C’est alors que l’imam Bâqir (P) voyant que la réputation de l’islam
allait être atteinte et que l’état islamique risquait d’être déstabilisé par
ses ennemis , conseilla au calife de collecter suffisamment d’or et d’argent de
toutes les provinces islamiques afin de frapper une monnaie islamique pour
remplacer la monnaie byzantine. Il (P) indiqua le poids adéquat et les
inscriptions qu’il fallait mettre sur la nouvelle monnaie.
Il mourut empoisonné le lundi 7 dhul-hijja de
l’an 114 après l’Hégire, à l’âge de 57 ans et fut inhumé à Bâqia à
Médine. »
II-3-7 QUI ETAIT JA’FAR ÇADIQ (P)
:
Le sixième Imam est Ja’far Çadiq, fils de
Muhammad (P). Sa mère est Fâtima (dont l’autre nom est Ummu Farwah).
L’Imam est né à Médine, le lundi 17 rabi’I,
(le jour Anniversaire de la
naissance du Prophète (p)) en l’an 83 après l’hégire. Il vécut environ 16 ans
aux côtes de son grand-père Zein Al Abédine (P) qui lui fit faire ses premiers
pas dans la voie de la
Connaissance. Son père, l’Imam Al Bâqir (P) complétera durant
15 ans le reste de cette Sainte éducation héritée de leur grand-père le
Prophète Muhammad (P).
Il possédait un grand savoir et des qualités
supérieures. Il était un homme de sagesse, connaisseur de la chari’a et pieux.
Il était sincère, juste; un homme de grandeur, de générosité et de valeur. Il
était doté de beaucoup d’autres qualités.
Cheikh al-Mufîd raconte : « Les
savants religieux acquirent de lui beaucoup plus qu’ils n’avaient appris de
tout autre membre des Ahlul Bayt (p). Personne n’a été aussi prolifique que l’Imam Çadiq (P) quant à la
propagation de la religion parmi les Ulémas de l’histoire religieuse et du
Hadith.
En réalité le nombre de savants religieux
(sérieux et appartenant à différentes écoles) ayant acquis des connaissances de
lui, atteint quatre mille.
A commencer par Zeid le frère de l’Imam Çadiq
(P) qui témoigna en ces mots pleins de sincérité et de sagesse en faveur de son
frère :
« A chaque époque de notre histoire,
Dieu choisit un parmi nous les Ahlul Bayt pour être le Pôle. Pour notre époque
le Pôle est mon frère Ja’far Çadiq (P). Ne se perdra pas celui qui le suit. Se
perdra celui qui ne le suit pas. »
Ce même Zeid fut tué a la suite d’une révolte
qu’il mena contre les Ommeyades (par Icham fils de Abdoul Malik fils de Marwân)
et fut considéré après sa mort par certains chiites comme le sixième Imam
malgré le témoignage unanimement reconnu qu’il porta sur son frère. Cette
branche des chiites est surnommée aujourd’hui Zeidiya.
Abu Hanifa, le chef de l’une des cinq écoles,
était également un des disciples de l’Imam Çadiq (P). Il dit ceci de son
maître :
« Si ce n’était pas ces deux années [que
j’ai passées à étudier auprès de l’Imam Ja’far
Çadiq], j’aurais péri dans la malédiction [d’avoir mal dirigé ma
communauté] »[31]
Le chef Mansour convoqua un jour Abu Hanifa
et lui demanda de préparer des questions des plus pointues qui soient afin
d’arriver à embarrasser l’Imam Çadiq. Lorsque ce dernier fut amené à répondre
aux 40 questions que lui avait préparées Abu Hanifa, quelle ne fut la surprise
de ce dernier de voir avec quelle simplicité et quelle lumière l’Imam répondait
sans hésiter à ce qu’il pensait être très complexe.
A la sortie de cet entretien Abu Hanifa tint
ce jugement :
« Je n’ai jamais vu une personne qui
maîtrisait autant que Ja’far Çadiq (P) les questions religieuses. »[32]
De même que Abu Hanifa l’Imam Malik tira bien
des enseignements de ses multiples rencontres avec l’Imam Ja’far (P):
« J’ai rencontre à plusieurs reprises
l’Imam Ja’far (P) mais cela se passait toujours dans l’une au moins des trois
situations suivantes et rien que ces trois : il prie ou il jeûne ou il enseigne
les matières islamiques. De notre époque nulle oreille n’a jamais entendu et
nul œil n’a jamais vu une personne plus pieuse, plus savante et plus
désintéressée des vanités terrestres que l’Imam Ja’far Çadiq. »[33]
Jâbir Ibn Hayyan (appelé Geber en Occident)
le fondateur de la chimie moderne et de toute la science expérimentale était
l’un de ses plus célèbres disciples. Il rédigea plus de cinq cents opuscules
tous dictés par son maître l’imam Ja’far (p).Tous ses écrits commençaient par
« mon maître l’imam Ja’far m’avait dit :… ».
L’école Ja’farite est l’une des cinq écoles
de l’islam, également appelée l’école des Ahlul Bayt (P) et c’est la première
des écoles de l’islam car étant antérieure à toutes les autres. Cette
école, bien que portant le nom de l’imam Çadiq (P) qui
était l’un des successeurs du Prophète (P) désignés par Allah, est la seule
école qui existait du vivant même du Prophète (P). Les autres écoles étant
toutes nées plus de cent ans après le rappel à Dieu du seigneur des envoyés
(p). La raison de cette appellation est que l’imam Çadiq (P) plus que tout
autre imam (p) a eu l’opportunité d’enseigner aux musulmans en grand nombre la
bonne interprétation du coran et la vraie Sunna
de son grand père (P), car son imamat a coïncidé avec la lutte pour le pouvoir
entre omeyyades et abbassides.
L’imam Ja’far se nourrissait de vinaigre et
d’huile et mettait des vêtements rudes.
Parfois ceux-ci étaient très rapiécés.
Il avait l’habitude de travailler son jardin
lui-même. Il perdait souvent connaissance en se rappelant Allah.
Une nuit, le Calife Abbasside de l’époque fit
convoquer l’Imam par un messager. Celui-ci raconte : « Je suis allé
chez l’Imam et je l’ai trouvé dans sa chambre privée. L’Imam avait les joues
couvertes de poussière, et suppliait Allah dans la plus grande humilité, les
mains levées vers les cieux, les mains et le visage poussiéreux ».
C’était un homme charitable et de disposition
aimable. Il parlait avec tendresse et se montrait très coopératif. On avait
plaisir à travailler avec lui.
Un jour l’Imam appela son domestique,
Mussadif et lui donna mille dinars pour se préparer à un voyage d’affaires, en
Egypte, car le nombre de sa suite avait augmenté et il était nécessaire de
rechercher davantage de moyens de subsistance.
Moussadif acheta des marchandises et partit
pour la Syrie
avec un groupe de commerçants. Lorsqu’ils approchèrent de l’Egypte, ils
rencontrèrent un autre groupe de commerçants revenant de ce pays. Ils dirent à
ceux-ci qu’ils possédaient telle sorte de marchandises et qu’ils voulaient
savoir si elles étaient disponibles en Egypte. Leurs interlocuteurs répondirent
par la négative. Les marchands prêtèrent alors serment de ne pas revendre leurs
marchandises à moins de cent pour cent de bénéfice. Ce qui fut fait. Après quoi
ils retournèrent à Médine.
Mussadif rentra chez l’Imam avec deux sacs
contenant chacun mille dinars. Il lui dit que l’un des deux sacs contenait le
capital, l’autre, les bénéfices.
L’Imam lui fit remarquer que les bénéfices
étaient excessifs et lui demanda ce qu’il avait fait des marchandises.
Moussadif lui expliqua ce qu’il avait fait et le serment qu’il avait prêté (de
ne pas revendre à moins de 100% de profit). L’Imam s’étonna qu’il ait juré de
ne pas revendre des articles à des musulmans à moins de 100% de bénéfice !
Puis l’Imam prit l’un des deux sacs et
dit : « Celui-ci contient mon capital, et nous ne touchons pas les
bénéfices ». Et d’ajouter : « Ô Moussadif ! Il est plus
facile de combattre avec une épée que de gagner sa vie légalement (halâl) ! ».
Il mourut empoisonné le 25 Chawwâl, 148 A.H.,
à l’âge de 65 ans
et fut enterré au cimetière de Bâqia à Médine.
II-3-8 QUI ETAIT MOUSSA AL-KÂZIM (P)[34] :
Le septième Imam est Moussâ al-Kâzim, fils de
Ja’far. Sa mère est Hamida al-Mussaffat. L’Imam est né à Abwa (entre la Mecque et Médine), le
dimanche 7 Çafar de l’an 128 A.H.
Il mourut en prison, empoisonné par le Calife
Haroun Rachid, le 25 Rajab 183
A.H., après avoir passé 14 ans d’emprisonnement pendant
lesquels il a subi d’indicibles souffrances et oppressions. Ses funérailles furent
conduites par son fils Ali Ridha. Il fut inhumé à Kazimayn au Sud de Bagdad où
se trouve son mausolée aujourd’hui.
Il fut le plus grand érudit de son temps. Il
fut également le meilleur, le plus généreux, le plus courageux, le plus aimable
et le plus correct de son temps. Sa grandeur était connue de tous. Son savoir
fut inégalable, son engouement pour l’adoration ne saurait être dépassé. C’est
parce qu’il contenait toujours sa colère qu’il fut surnommé
« al-Kâzim » (celui qui contient sa colère). Pour son intégrité, on
le surnomma également « al-‘Abdu Çâlih » (le bon serviteur d’Allah).
Ses connaissances furent révélées en diverses
occasions, et elles éblouirent les gens. Son dialogue avec Buraiha est bien
connu. A la suite de ce dialogue l’Imam convainquit en effet son interlocuteur
chrétien de se convertir à l’Islam.
Un jour, un homme dans le besoin mendia cent
dinars de l’Imam. Celui-ci lui posa quelques questions pour sonder ses
connaissances religieuses et lui donna deux mille dirhams.
L’Imam avait une belle voix en récitant le
Coran. On rapporte qu’il restait quatre heures debout pour accomplir des actes
cultuels, et qu’il récitait le Coran et se prosternait pendant longtemps. Il
pleurait souvent par amour d’Allah. Il mourut alors qu’il était en prosternation.
Le calife Haroun convoqua l’imam un jour et
lui tena ce discours : « pourquoi vous a-t-on préféré sur nous alors
que nous sommes les descendants d’Al ‘Abbas l’oncle du prophète et que vous aussi vous êtes les descendants d’Abu
Tâlib l’oncle du Prophète (P) » ?
L’imam (P) répondit : « Nous sommes
plus proches du Prophète (p) car Abu Talib et ‘Abdullah sont de même père et
mère tandis qu’Al ‘Abbas n’était leur frère que du côté du père ».
Haroun lui posa une autre question :
« pourquoi vous appelle t on les enfants du messager alors que vous les
enfants d’’Ali (P) » ?
L’imam répondit : « si le messager
était ressuscité pouvez vous le marier avec l’une de vos filles » ?
Haroun : « cela serait une source
d’orgueil pour moi devant arabes et non arabes ».
L’imam : « Quant à nous il lui est
interdit de demander nos filles en mariage car il nous a mis au monde et pas
vous »
Un jour, Abou Hamza, voyant l’Imam al-Kâzim
en train de travailler dans son jardin alors que la sueur perlait de sa tête
jusqu’à ses pieds, lui demanda où étaient ses serviteurs. L’Imam lui répondit
qu’il y avait quelqu’un de meilleur que l’Imam et son père, qui travaillait
lui-même de ses propres mains. Lorsque Abu Hamza lui demanda qui était cet
homme, l’Imam répondit que c’était le Prophète d’Allah, Mohammad (P), ainsi que
Amir Al-Mouminin ‘Ali (P), et que tous ses ancêtres travaillaient de leurs
propres mains. Tel fut donc la
Sunna (la
Tradition) des Prophètes, des Délégués d’Allah et des gens
droits.
II-3-9 QUI ETAIT ALI RIDHA (P) :
Le huitème Imam est Ali Ridha, fils de
Moussâ. Sa mère est la
Dame Najma.
L’Imam est né le 11 dhulqa’dah de l’an 148 A.H. à
Médine. Il est
mort empoisonné le dernier jour du mois de Safar, 203 A.H. Ses funérailles
furent conduites par son fils, l’Imam Muhammad Taqi Jawâd et il fut inhumé à
Machhad (Iran) où se trouve son mausolée aujourd’hui.
Ses connaissances, sa gentillesse, sa
générosité, ses dispositions à la bonté et sa piété sont universellement
connues et n’ont pas besoin d’être relatées ici.
Le Calife Mamoun voulut désigner l’Imam comme
héritier présomptif. L’Imam déclina son offre, car il prévoyait la ruse du
Calife. Toutefois Mamoun le força à accepter le titre de successeur. Mais
l’Imam n’accepta cette offre forcée qu’à condition de ne prendre aucune part à
l’administration du gouvernement.
La large connaissance de l’Imam en matière de
religions et écoles juridiques diverses se révéla au cours de différents débats
organisés par Mamoun. Même des voyageurs retournant à leurs pays respectifs
auraient relaté les larges connaissances de l’Imam.
A l’époque Nichapour était une grande ville
universitaire et lorsque l’imam Ridha y passa, des centaines de savants
l’accueillirent plumes et papiers à la main pour inscrire tout ce que l’imam
allait dire. Ils insistèrent pour que l’imam leur récite quelques hadiths du
prophète (p). L’’imam leur dit alors d’écrire :
« J’ai entendu mon père Moussa (p) , qui
a entendu de son père Ja’far (p), qui a entendu de son père Muhammad (p) , qui
a entendu de son père ‘Ali (p), qui a entendu de son père Al Hussein (p), qui a
entendu de son père ‘Ali Ibn Abi Talib (p) , qui a entendu le Prophète (P) dire : j’ai entendu l’ange Jibrîl
(p) dire : J’ai entendu
Allah ,qu’Il soit exalté, dire : « ‘’il n y a d’autres Dieu que
Dieu ‘’
Est mon bastion ; et quiconque entre
dans mon bastion est protégé de mon châtiment ».
Puis l’imam Ridha (P) ajouta « et moi
(l’imam) je suis l’une de ses (il n y a d’autre Dieu que Dieu)
conditions ». Le nombre de ceux qui ont écrits ce hadith appelé « la
chaîne d’or » en raison de la sainteté de ses transmetteurs, est estimé à
vingt milles.
S’adressant un jour à un de ses frères de
même père nommé Zaid Ibn Moussa qui avait fait une révolte sanguinaire en
commettant des actes interdits par l’islam, l’imam lui dit :
« Malheur à toi pourquoi as-tu verser le
sang et couper des routes. Crois tu à la prétention des gens de Kûfa selon
laquelle les descendants de Fatima (P) sont immunisés contre l’enfer ?
Prends garde car cette immunité n’est ni pour toi ni pour moi et ne concernait
que Al Hassan (P) et Al Hussein (P) ! Par Dieu même eux ne l’avaient que
grâce à leur soumission inconditionnelle à Dieu. Alors si tu estime que tu peux
désobéir à Dieu et ensuite aller au paradis alors cela veut dire que tu
t’estime plus proche de Dieu qu’Al Hassan (P) et Al Hussein (P), ainsi que le
Prophète (P), moi ou ton père Moussa Ibn Ja’far (P)…. Par Dieu personne ne peut
avoir ce qui est chez Dieu que par la soumission et l’obéissance à Lui »
On raconte que l’Imam aurait veillé toute la
nuit en priant et qu’il aurait terminé la lecture de tout le Coran en trois
jours. Il aurait prié pendant des heures d’affilées et accompli mille rak’ah en une journée et une nuit. Il
se
serait prosterné pendant plusieurs heures. Il avait l’habitude de jeûner
souvent.
Il n’aurait jamais interrompu quelqu’un
pendant qu’il parlait, ni abusé de quiconque. Il ne se serait jamais étendu en
présence de quelqu’un, ni n’aurait jamais ri aux éclats, ni craché devant
quelqu’un.
Il s’asseyait avec tous ses proches, femmes
et serviteurs et partageait ses repas avec eux.
II-3-10 QUI ETAIT
MUHAMMAD TAQI JAWAD (P) :
Le neuvième Imam est Muhammad Taqi Jawâd (P).
Sa mère était une Dame noire du nom de Sabika.
Il naquit, le 10 Rajab 195 A.H., à Médine et mourut
empoisonné à Bagdad le 5 zoulqa’da 220 A.H.
Il fut inhumé derrière le mausolée de son
grand-père, l’Imam Moussâ al-Kâzim, à Kâzimiyya où se trouve aujourd’hui
également son propre mausolée.
L’Imam fut le plus grand érudit de son temps,
le plus généreux et le meilleur bienfaiteur. Il fut très coopératif, gentil, de
bonne disposition, et très éloquent.
Il avait l’habitude de monter sur son cheval
pour apporter de l’argent et des aliments aux nécessiteux.
Son savoir fut célèbre parmi les gens. Une
fois quatre-vingts de ses disciples se réunirent chez lui à son retour du Hajj et lui posèrent diverses
questions.
L’Imam répondit à tout ce qu’on avait demandé et satisfait tout le monde.
Un jour plusieurs personnes se rassemblèrent
autour de lui à la Mecque
et lui posèrent des milliers de questions en une séance. L’Imam répondit à
toutes les questions sans hésitation ni fausse note. A l’époque il n’avait que
neuf ans. Mais un tel phénomène (miraculeux) n’est pas inhabituel chez les
Ahlul Bayt (p).
Pendant l’une de ces réunions scientifiques
un savant du nom de Yahya Ibn Ektham réputé intraitable en matière de
polémique, interpella l’imam en ces terme : « Ô Abu Ja’far que dis tu
à propos d’un homme vêtu de l’habit rituel du pèlerinage (ihram, qui se porte pendant les rites du Hajj et
qui rend illicite
certains actes), et qui aurait tué un gibier » ?
L’imam répondit : « cela dépend :
l’a-t-il tué exprès ou par accident ? Le chasseur était-il libre ou
esclave ? Mineur ou majeur ? Le gibier était-il de la volaille ou
autre ? Était-il petit ou grand ? Le chasseur a-t-il regretté son
acte ou pas ? Le gibier était-il tué le jour en liberté ou la nuit dans
son nid ? L’habit rituel était-il porté pour le petit pèlerinage (‘omra) ou pour le grand (Hajj)
? ». Ensuite l’imam
répondit lui-même à tous les embranchements de la question et Ibn Ektham qui
n’avait pas prévu tous ces détails à sa propre question se sentit très ridicule
et avili.
Le Calife Mamoun donna la main de sa fille à
l’Imam après l’avoir soumis à une épreuve très difficile ; cet événement
est bien connu dans l’histoire.
II-3-11 QUI ETAIT ALI NAQI AL-HÂDI (P)
:
Le dixième Imam est Ali Naqi, Al Hâdi, fils
de Muhammad (P). Sa mère était une femme magrébine du nom de Dame Samana.
L’Imam est né à Médine, le 5 Rajab, 214 A.H.
Il fut le meilleur homme de son temps, un
grand érudit et la quintessence de la grandeur, de la générosité et de la
douceur.
Il vivait dans une chambre très simple et
passait la majeure partie de son temps à la lecture du saint Coran. Il est le
dixième successeur du Prophète de l’Islam (P) et avait pour charge la
protection de l’Islam de toute déviation et falsification. C’est pour cela que
le calife sanguinaire de l’époque le garda toute sa vie en résidence surveillée
dans un camp militaire (askar).Ainsi
les contacts entre lui et ses adeptes étaient très réduits. A Médine l’imam Al
Hâdi (P) était une référence incontestable pour les musulmans et c’est pour
cela que le calife Al Moutawwakil le fit venir en Irak à Samarra. Mais la
lumière de la guidance de l’imam était si forte que le calife ne pouvait
l’éteindre. Il mourut empoisonné à Samarra, le lundi 3 Rajab, 245 A.H
à l’âge de 42 ans. Il fut inhumé à Samarra où se trouve son mausolée.
A l’époque de l’imam Al Hâdi la chirurgie
n’était pas bien connue. Un des musulmans avait un fils qui était malade et le
médecin lui conseilla la chirurgie. Ce qui fut fait mais l’enfant succomba à la
maladie et la famille blâma le père d’avoir accepté l’opération.
L’homme alla voir l’imam et lui raconta ce
qui était arrivé. L’imam le rassura en lui disant qu’il n’avait fait que son
devoir. Cet incident eu pour effet la réhabilitation de la chirurgie qui à
l’époque ne se pratiquait que dans le monde musulman.
Les faux dévots sévissaient beaucoup à
l’époque de l’imam. Et sous prétexte d’ascétisme, ils prétendaient que la
beauté de la nature peut dévier les musulmans de la voie de l’adoration de
Dieu. Quant à l’imam recevant un jour une fleur d’un jeune garçon , il la baisa
puis la posa sur ses yeux et dit : « Quiconque reçoit une fleur ,
puis la pose sur ses lèvres et sur ses yeux et dit ‘’allahoumma salli ‘ala
Muhammad wa ali Muhammad (mon Dieu salue et béni Muhammad et la famille de
Muhammad)’’ , alors Dieu lui écrit autant de bonnes actions qu’il y a de
graines de sable dans le désert de Alej et efface pour lui autant de mauvaises
œuvres »
II-3-12 QUI ETAIT AL-HASSAN AL-‘ASKARI (P)
[35] :
Le onzième Imam est Hassan al-‘Askari, fils
de Ali (P). Sa mère est la
Dame Haditha.
L’Imam est né le lundi 8 Rabi’II, 232 A.H. Il mourut
empoisonné
le vendredi 7 Rabi’I, 260 A.H.
Ses funérailles furent conduites par l’Imam Hujjat Al-Mahdi (P). Il fut inhumé
près de son père à Sâmarrâ.
Sa générosité, sa bienfaisance, sa dévotion
et son humilité sont connues de tout le monde.
Il était bien bâti physiquement et avait de
beaux traits. Il était vénéré malgré son jeune âge. Il ressemblait au Prophète
(P) par son caractère. Il était l’homme le plus savant de son temps. On dit que
le nombre de personnes qui bénéficièrent de ses lumières scientifiques
atteignit dix huit milles. Parmi eux on peut noter le célèbre philosophe Al
Kindi (le professeur d’Al Farabi) qui brûla un de ses manuscrits après avoir
reçu les remarques de l’imam (P).
On rapporte d’Ismaël Ibn Muhammad le témoignage
suivant :
« Un jour j’attendais Abou Muhammad (p)
(l’Imam Al-Askari). Lorsqu’il arriva à ma hauteur, je le conjurai de soulager
ma détresse. Je jurai que je n’avais plus un dirham, et que je n’avais pas eu
de petit-déjeuner ni de dîner. L’Imam me dit que je faisais un serment de
parjure au nom d’Allah et me reprocha à bon droit d’avoir caché cent dinars
dans le sol. Il ajouta qu’il ne me dit pas cela pour trouver une raison de ne
rien me donner. Puis il donna l’ordre à son serviteur de me verser cent
dinars. »
Un homme ayant entendu parler de la
générosité de l’Imam, alla le voir. Il avait besoin de cinq cent dirhams.
L’Imam lui donna les cinq cent dirhams dont il avait besoin, ainsi que trois
cents autres dirhams en plus.
Un jour à Samarra pendant une période de
sécheresse alors que l’imam était en prison, les musulmans comme de coutume
allèrent faire la prière pour obtenir la pluie mais en vain. Alors les
chrétiens se réunirent et à la surprise générale la pluie se mit à tomber. Ce
fut la confusion générale. Certains s’apprêtaient à se convertir au
christianisme, doutant de la véracité de l’islam. C’est alors que le calife fit
appel à l’imam Al Askari (P) qui leur dit de saisir ce qui se trouvait dans la
main de l’évêque. L’ordre fut exécuté et l’on y trouva un os noirci. L’imam le
prit et s’adressant aux chrétiens leur demanda de prier encore pour la pluie.
Mais cette fois les nuages se dissipèrent rapidement. L’imam s’adressant
alors au calife lui dit que ce prêtre
avait passé par le tombeau d’un prophète (P) et avait déterrer un de ses os
bénis et que chaque fois qu’un os de prophète (P) est mis à découvert , il
pleut immédiatement.
Les chrétiens aussi attestent que l’Imam
était comme le Messie (Jésus) par ses bienfaits, ses connaissances et sa
faculté d’accomplir des miracles.
Il était un adorateur dévot, et on dit qu’il
faisait des prières pendant la plus grande partie de la nuit.
II-3-13 QUI EST AL MAHDI (P) :
L’idée de l’avènement d’un messie[36],
est antérieure à la naissance de l’Islam. Elle est une aspiration à laquelle
l’humanité a souscrit dans ses différentes religions et doctrines. Même le
matérialisme dialectique qui explique l’histoire par les contradictions et
croit à l’avènement d’un jour promis où elles disparaîtront pour laisser la
place à la société idéale (la société communiste), y souscrit.
Cette idée fait l’objet, bien entendu, de la
croyance unanime de toutes les écoles juridiques islamiques.
Les musulmans sont unanimes sur la vérité
d’Al-Mahdi (P) :
-sur le fait qu’il est de la famille du
Prophète (P),
-que Dieu le réformera en un jour ou en une
nuit,
-qu’il fera régner la justice et l’équité sur
terre en un moment où celle-ci aura été remplie d’injustice et d’iniquité,
-qu’il gouvernera sur la terre pendant sept
ou neuf ans – selon les différents hadiths,
-qu’il conduira l’humanité au bonheur alors
qu’elle aura été assombrie dans la misère,
-qu’il accueillira Issa Ibn Mariam (P), à sa
descente,
-que ce dernier priera derrière lui,
-ainsi que bien d’autres indications
mentionnées dans environ 339 hadiths de sources variées.
Parmi ces sources, nous citerons Al-Majlissi
et Al-Toùssi parmi les jafarites, Al-Safarini parmi les hanbalites, Al-Choukani
parmi les Zaydites, ainsi que Siddiq Hassan Khan et Muhammad Ibn Al-Husseyn
Al-Abiri. Tout ce que ceux-ci ont rapporté sur Al-Mahdi appartient aux
conclusions des Imams[37]
des huit écoles de jurisprudence, et notamment les cinq les plus adoptées
d’entre elles, celles de l’Imam Jaffar Çâdiq (Jafarite), de ses deux disciples
Mâlik (Malikite) et Abû Hanîfa (Hanifite), d’Al-Chafi’i (Chafi’ite), d’Ibn
Hanbal (Hanbalite). Quant aux fondateurs des trois autres écoles (Al-Imam Zayd
(Zaydite), Abâdh (Abâdhite) et Daoud Al-Zahir (Zahirite)), il n’ont jamais
pris, à notre connaissance, le contre-pied de cette vérité sur Al-Mahdi (P).
Selon les enseignements de la sainte famille
des Ahlul Bayt (P), il est le douzième et dernier Imam de la lignée des guides
de la Umma
choisis par Dieu, le Khutbou Zâmân (Pôle) de notre époque et devra réapparaître
le moment venu pour accomplir sa mission comme decrite dans les hadiths.
Le différend entre les croyants,
rappelons-le, ne concerne pas l’essentiel, à savoir la venue d’un homme qui
réformera la Oumma
après une longue période d’injustice, de souffrance et de persécution. L’aspect
prodigieux réside plutôt dans ce dernier aspect et non pas dans la longévité,
il est vrai, exceptionnelle (1300 ans pour le moment) d’Al Mahdi (P).
Il ressort après analyse que la doctrine des
Ahlul Bayt (P) quoique plus immatérialiste et donc apparemment moins apte à
passer l’expérience de la démonstration mathématique, est cependant plus cohérente et non moins défendable.
Cohérente
par rapport à la position de Pôle de notre époque qu’occupe Al Mahdi (PSL) avec
la fonction de supervision de la
Umma que cela induit. Le meilleur des superviseurs dans ce
cas est celui qui connaît les réalités de ceux qu’il supervise mais aussi et
surtout celui qui s’est abreuvé à la source de la connaissance Prophétique
auprès des Imams gardiens de la pureté des enseignements du Prophète. Imam
parmi les douze et ayant vécu toutes les déviations de la Umma, il pourrait être le
mieux indiqué pour la sauver et la guider sur la voie de la perfection
exécutant en cela un Ordre Miséricordieux de Dieu.
Cette transformation du mystère futuriste en
une réalité (l’existence effective du sauveur qui aspire au jour promis avec
nous et parmi nous sans se manifester en public ni dévoiler sa vie aux autres)
ramène l’idée d’Al-Mahdi (P) de l’avenir au présent.
Non moins défendable et même démontrable si on se réfère à la solide et
brillante
démonstration scientifique qu’en a donné Sayyed Baqer Sadr dans sa célèbre
préface au livre de son disciple et proche parent Sayyed Muhammad Al-Sadr sur
l’Imam Al Mahdi (P).
Nous allons tenter – avec tous les risques
que comporte une telle action – de vous en résumer les principaux points.
Il note tout d’abord que l’incarnation de
l’idée d’Al Mahdi (P) dans la personne de l’Imam Muhammad Al-Mahdi (P) soulève une
série d’interrogations et un certain scepticisme chez beaucoup de musulmans.
Ensuite il regroupe ces interrogations dans un ensemble de sept questions
principales auxquelles il s’applique à répondre avec une méthodologie
scientifique qu’aucun esprit rationnel ne saurait contester. Démontrant ainsi
que ce qui semble d’ordinaire inconcevable – la longévité plus que millénaire
d’Al-Mahdi (P) – est scientifiquement possible et logiquement plausible à la
suite d’une analyse scientifique et d’un examen minutieux du prodige.
Pour montrer, par exemple, le comment de la
longévité exceptionnelle du Mahdi (P), il commence par expliquer que la sphère
de la possibilité logique (ou philosophique) contient celle de la possibilité
scientifique qui, à son tour contient celle de la possibilité pratique.
Exemple 1 : il est impossible de diviser
3 oranges en 2 parties égales et sans fraction. Puisque 3 est impair et ne
saurait donc être en même temps pair (divisible par 2) alors cette situation de
division est une contradiction or la contradiction est logiquement impossible.
Exemple 2 : il n’est pas impossible,
selon la logique de traverser le feu et ou monter au soleil sans se faire
brûler par la chaleur car la chaleur peut passer logiquement du corps le plus
froid vers le corps le plus chaud ou vice-versa. Cependant la réalité
scientifique est que c’est seul le sens chaud vers froid jusqu’à l’équilibre
des températures qui est possible. Voilà donc une réalité logiquement possible
(monter au soleil) mais scientifiquement impossible. Car il est impossible de
concevoir une cuirasse assez solide pour atteindre la chaleur suprême du
soleil.
Exemple 3 : aller sur Vénus (nettement
plus éloignée de la Terre
que la Lune et
proche du Soleil) est par contre logiquement et scientifiquement possible mais
sans l’être au plan pratique à ce jour.
Alors Baqer Sadr trouve qu’une longévité
exceptionnelle, de plus de 1140 ans déjà, est logiquement concevable car la
vie, en tant que concept, ne comporte pas une mort rapide, ce qui est
indiscutable.
Ensuite, il affirme qu’une telle longévité
quoique impossible sur le plan pratique et au plan des moyens scientifiques
actuels, reste possible et envisageable en théorie sur le plan scientifique. En
effet, sur le phénomène de la sénilité et de la vieillesse chez l’homme deux
points de vue existent : ce serait une loi naturelle inhérente aux
cellules et aux tissus vivants qui porteraient le germe de leur mort inévitable
qui passe par la vieillesse et la sénilité pour finir dans la mort. Autre point
de vue : le phénomène résulterait de la lutte entre le corps et des
facteurs extérieurs tels que les microbes ou l’empoisonnement, conséquences
d’une nutrition excessive, d’un travail excessif ou d’autres facteurs.
Pour ce second point de vue la longévité
extraordinaire du Mahdi (P) est scientifiquement envisageable car il suffirait
de mettre le corps à l’abri de ces facteurs extérieurs permettant ainsi aux
tissus du corps de parvenir à vivre, à survivre au phénomène et à le vaincre
définitivement.
« Pour le premier point de vue, poursuit
Baqer Sadr, rien ne nous empêche d’envisager que cette loi est flexible car
dans notre vie ordinaire nous constatons des cas de personnes âgées possédant
des membres en état de jeunesse. Ce qui a d’ailleurs amené des savants à profiter
de cette flexibilité de la loi de la vieillesse pour prolonger la vie de
certains animaux des centaines de fois leur longévité ordinaire, en créant des
conditions et des facteurs qui retardent l’effet de la loi. »
« Même s’il reste vrai que l’expérience
scientifique n’a pu à ce jour s’appliquer à l’homme, on peut conclure que la
prolongation de la longévité humaine de plusieurs siècles est possible
logiquement et scientifiquement, bien qu’elle ne le soit pas encore sur le plan
de l’application, mais que l’application scientifique s’achemine vers la
réalisation de cette dernière possibilité à long terme. »
Dés lors « l’étonnement et
l’interrogation que soulève la question de l’âge du Mahdi (P) n’ont aucune
raison d’être car ce n’est pas dans ce domaine seulement que l’Islam dépasse le
mouvement scientifique. »
« Le rôle exceptionnel de Sauveur
Attendu dévolu au Mahdi (P), chargé qu’il est de transformer le monde et de
reconstruire sa structure de civilisation, est à la hauteur des phénomènes
extraordinaires et inhabituels qui l’accompagnent. »
Baqer Sadr note d’ailleurs une surprenante
« coïncidence : les deux seuls hommes chargés de vider l’humanité de
son contenu corrompu et de la reconstruire sont dotés d’une longévité sans
commune mesure avec la nature. Le premier, c’est Noé à propos de qui le Coran
dit qu’il prêcha « mille moins cinquante ans » (donc il
vécu plus longtemps) parmi son peuple et qu’il a pu grâce au Déluge
reconstruire le monde. Le second, Al Mahdi (P), a vécu jusqu’à présent plus de
mille ans parmi son peuple et devra également reconstruire le monde. »
Pourquoi accepter l’un et refuser
l’autre ?
Enfin, il nous rappelle encore que
« lorsque Ibrahim fut jeté au feu : « Nous dîmes : « Ô
feu, sois sur Abraham, froidure et sécurité » ; et il en est sorti
indemne. Beaucoup d’autres lois naturelles ont été suspendues pour protéger la
vie des prophètes et des apôtres de Dieu sur la terre. C’était le cas lorsque
Dieu a fendu la mer pour Moïse, ou lorsqu’il a fait croire aux Romains qu’ils
avaient arrêté Jésus alors qu’ils ne l’avaient pas fait, ou lorsqu’il a sorti
le Prophète Muhammad (P) de sa mission à l’insu de ses ennemis Quraychites qui
cernaient cette maison et le guettaient avec vigilance, en attendant le moment
propice pour l’attaquer.
Tous ces exemples traduisent la suspension
des lois naturelles en vue de protéger quelqu’un dont la Providence veut
préserver la vie.
Que la loi de la vieillesse soit rangée parmi
ces lois. »
Après l’unanimité (basée sur des hadiths du
Prophète) qui existait sur la question d’Al-Mahdi (P) jusqu’à la fin du 3e
siècle de l’Hégire, les penseurs musulmans se sont divisés en deux groupes face
à la question : ceux, heureusement largement majoritaires, qui croient
fermement qu’Al-Mahdi (P) réapparaîtra le moment venu. Ils se fondent sur des
hadiths du Prophète, celui-ci étant un homme véridique dont les paroles sont
certitudes. Pour eux point n’est besoin de preuves ou d’arguments pour y
croire, il s’agit d’une certitude à laquelle ils croient comme si elle se réalisait
sous leurs yeux.
A l’opposé, il y a ceux – très minoritaires,
Dieu merci – qui renient tout simplement ce prodige ainsi que d’autres prodiges
similaires. Pour ces incrédules, matérialistes à souhait, qui croient à une
partie du Livre en en rejetant l’autre, seule compte la logique de leur propre
raison. Ils ignorent qu’il existe une autre raison plus puissante : la
raison de Dieu ou raison canonique selon l’expression du Dr Hamid Afni Daoud[38] ;
elle qui a la faculté de marier l’instrumental (qui relève des textes sacrés)
et le rationnel.
Ils se privent alors des certitudes, par
lesquelles Dieu a voulu distinguer notre Umma des autres nations aux dires
mêmes du Sceau des Prophètes, Al Mustapha, l’Elu et le Bien-aimé (P) :
« Aucune autre Umma n’a reçu autant de
certitude que la mienne. »
Avec les éblouissants progrès scientifiques
de notre époque moderne, ces tenants d’une certaine idéologie
pseudoscientifique[39]
ont perdu encore plus la chance de comprendre encore moins de croire à la
métaphysique et à certains événements rapportés tantôt par le Coran tantôt par
les hadiths. Quelque puisse être leur niveau de connaissances, ils oublient ou
ignorent une vérité essentielle : le réel ne se limite pas à ce que
peuvent appréhender nos sens.
|